La Turquie vers les fonds européens aux familles des mercenaires djihadistes

Les mercenaires de Syrie affluent en Libye de deux manières : Une partie y est envoyée par la Turquie, l’autre par la Russie. 2 000 d’entre eux ont été réquisitionnés par Ankara pour une mission au sud-Kurdistan (nord de l’Irak). Ils sont payés avec des fonds de l’Union européenne.

Une guerre par procuration fait rage en Libye. Le Gouvernement d’Union nationale (GNA) est soutenu par la Turquie et ses troupes de mercenaires djihadistes en provenance de Syrie. Son adversaire, l’Armée nationale libyenne (ANL) du général Haftar, est appuyé par la Russie qui lui envoie des hommes recrutés dans les tribus sunnites de Syrie ainsi que parmi les anciens combattants de l’Armée syrienne libre (ASL).

Selon les informations obtenues, les recrues de la Russie sont, dans un premier temps, rassemblées sur la base aérienne de Khmeimim en Syrie, où elles sont formées pendant environ une semaine, avant d’être envoyées en Libye. 

De son côté, la Turquie transfère en Libye une partie des mercenaires qu’elle emploie au nord de la Syrie. De cette façon, le gouvernement turc veut renforcer sa position en Afrique du Nord et mettre l’Égypte sous pression par le biais des Frères musulmans.

13.000 djihadistes envoyés de Turquie en Libye

Le 21 juin 2020, l’Observatoire syrien des Droits de l’Homme (OSDH), basé à Londres, a publié un rapport indiquant que plus de 13 000 mercenaires avaient été envoyés de Syrie en Libye. 417, dont 30 mineurs, seraient morts entre temps. Selon le rapport, la Turquie aurait envoyé environ 300 “enfants soldats” de Syrie en Libye, ce que l’OSDH dénonce comme étant un crime de guerre. 

Selon Yûnis Behram, Président du Forum germano-kurde, la Turquie recrute ses troupes dans les territoires occupés de Syrie et les transfère en Libye par avion, depuis la ville de Gaziantep (Turquie).

“Le recrutement est devenu une source de revenus”

Pour M. Behram, l’augmentation du flux de mercenaires syriens vers la Libye est la conséquence des sanctions américaines de la loi César contre la Syrie, étant donné que celles-ci privent une bonne partie de la population de ses sources de revenus : « S’engager pour partir en Libye en tant que mercenaire est considéré comme une source importante de revenus en raison de la pauvreté grandissante dans différentes régions de Syrie. L’État turc profite de cette situation. »

L’argent versé aux familles des mercenaires provient des fonds européens versés à la Turquie pour « l’aide aux réfugiés syriens ».

M. Berham a déclaré que la Turquie trahissait l’Union européenne, en versant l’argent provenant de l’accord UE-Turquie dans ses propres caisses : « Les mercenaires envoyés en Libye sont payés chacun 2 000 dollars par mois. Cependant, ils ne touchent personnellement que 300 dollars, les 1 700 restants étant remis à leurs familles. Cette rémunération est déguisée en aide aux réfugiés de Syrie et financée donc par les fonds européens. 

« Des djihadistes de différents groupes »

Delil Zilan, correspondant de l’agence de presse kurde Firat News (ANF), rapporte qu’après avoir établi un couloir entre la Syrie et la Libye pour le transfert des djihadistes, l’Etat turc a envoyé en Libye de nombreux mercenaires issus des différentes factions composant l’Armée nationale syrienne (ANS), une formation créée et utilisée par la Turquie pour occuper le Nord de la Syrie. Le journaliste indique par ailleurs que des groupes de mercenaires sont retournés en Syrie parce qu’ils n’avaient pas été payés, ce qui a provoqué des tensions entre l’armée turque et certaines factions djihadistes.

De la Syrie à la Libye, de la Libye au Sud-Kurdistan

Le journaliste Farhad Shami suit de près les développements au sein des groupes armés en Syrie. Il confirme également le nombre de 13 000 mercenaires transférés en Libye par la Turquie, depuis la Syrie. Parmi les mercenaires envoyés en Libye, 2 000 ont été ramenés en Turquie ces dernières semaines, pour être envoyés, cette fois-ci, au Sud-Kurdistan, plus précisément dans la région de Heftanîn où ils devraient participer aux opérations menées par la Turquie contre la guérilla kurde. La plupart sont issus de groupes islamistes ultraradicaux, à savoir la Brigade du Sultan Murad, la Brigade de Suleiman Shah et la division Hamza.

“Selon nos informations, a déclaré M Shami, ces djihadistes doivent être envoyés au Sud-Kurdistan pour combattre le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK). Ils sont actuellement formés en Turquie. Ils seront déployés à Heftanîn dans les prochains jours”.

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