Le Réseau de Solidarité internationale, composé de diverses ONG, syndicats, partis politiques et membres du Parlement européen, a adressé un courrier au Dr Alan Mitchell, Président du Comité européen pour la prévention de la torture et des peines ou traitements inhumains ou dégradants, à la suite de la conférence qui s’est tenue au Parlement européen, à Bruxelles, le 11 avril dernier. Ce Réseau est à l’origine de la campagne «Liberté pour Öcalan, une solution politique à la question kurde».
André Métayer
Cher Dr Mitchell,
Nous, membres concernés d’un réseau international vous écrivons à la suite de notre conférence au Parlement européen pour vous adresser un appel urgent à la résolution de l’Union européenne.
Au cours des 36 derniers mois, le dirigeant kurde Abdullah Öcalan, qui est considéré par des millions de Kurdes comme leur représentant politique légitime, a été détenu au secret sous une forme extrême par l’État turc sur l’île-prison d’Imrali. Au cours de cet isolement illégal et inhumain, M. Öcalan a « disparu » et a été plongé dans un vide de « non-existence », tout en étant privé de tout contact avec le monde extérieur, y compris ses avocats et sa famille. Tout au long de cette période, la Turquie a tenté de transformer l’île d’İmrali en un « cercueil flottant ».
M. Öcalan, qui est aujourd’hui âgé de 75 ans, a été soumis à de cruelles tortures pendant 25 ans en isolement et, au cours des trois dernières années, aucune information n’a été fournie concernant son état de santé. À ce stade, même le lieu où il se trouve ne peut être confirmé, et son état physique est une question très sensible pour de nombreux Kurdes qui le considèrent comme l’incarnation de leur voix nationale.
C’est pourquoi nous vous demandons, à vous, le CPT, d’agir. En tant que CPT, vous avez le droit de visiter tous les lieux de détention des États parties à la Convention, y compris la Turquie. Cela vous donne la possibilité d’envoyer votre équipe d’experts à Imrali, où le gouvernement turc doit vous accorder un accès illimité pour visiter l’endroit où M. Öcalan est retenu captif et vous permettre de l’interviewer en privé afin qu’il puisse communiquer librement avec vous.
Nous voudrions que le CPT agisse conformément à l’article 3 du Statut du Conseil de l’Europe, qui stipule que : « Chaque membre du Conseil de l’Europe doit accepter les principes de l’Etat de droit et la jouissance par toutes les personnes relevant de sa juridiction des droits de l’homme et des libertés fondamentales. » M. Öcalan est citoyen d’un État membre du Conseil de l’Europe qui lui refuse ses droits de l’homme depuis deux décennies et demie. Et depuis trois ans, il l’a privé de son droit légal de rencontrer ses avocats et de parler à sa famille.
Tout ce que nous demandons, en toute sincérité, c’est que vous envoyiez immédiatement une délégation sur l’île d’Imrali pour parler avec M. Öcalan et vérifier son bien-être. Par la suite, nous vous serions très reconnaissants si vous pouviez encourager la Turquie à lui permettre de recevoir la visite de sa famille et de ses avocats, afin qu’ils se conforment aux obligations du Conseil de l’Europe et du CPT.
Cela aiderait à résoudre une question urgente de droits de l’homme et de préoccupation pour des millions de Kurdes et pourrait également renouveler l’esprit de réconciliation, qui est nécessaire pour trouver une solution pacifique à la question kurde en Turquie.
Avec gratitude pour votre temps et l’espoir que vous receviez ceci comme un appel sincère.