La seconde vie de Raqqa : 700 000 habitant.es de retour
Une famille rentrent chez elle dans leur quartier détruit à Raqqa après des années de déplacement. Juin 2018. © Ivor Prickett.

Raqqa avait été proclamée capitale du Caliphat par les djihadistes de l’Etat islamique en 2014. Cette ville a été le témoin comme peu d’autres en Syrie de massacres inhumains, de décapitations et d’actes de torture et de barbarie qui restent aujourd’hui encore difficiles à exprimer avec de simples mots.

Depuis sa libération le 20 octobre 2017 par les Force démocratiques syriennes (FDS), Raqqa se reconstruit. Bien que certains quartiers comme le centre-ville, aient été détruits à plus de 85% et que ses infrastructures aient été rendues inopérantes par un Etat islamique en pleine débacle territoriale et les combats, les destructions les plus importantes ont été infligées aux cœurs et aux esprits des habitant.es de Raqqa. Leurs vies, leurs familles ont été meurtries, disloquées par la guerre et le fanatisme de l’EI qui a régné en maître sur la ville pendant près de quatre ans.

Certain.es survivant.es des années noires du Caliphat affirment que la vie s’est arrêtée durant cette période. Aujourd’hui, la vie a triomphé, elle est de retour dans les rues de Raqqa et l’Administration autonome du Nord et de l’Est de la Syrie (AANES) ne ménage pas ses efforts pour la reconstruction de la ville depuis sa libération il y a bientôt deux ans.

700 000 habitant.es sont revenu.es

Dans le cadre des activités coordonnées par les municipalités locales populaires (qui regroupent plusieurs communes proches géographiquement, ndlr) et l’Assemblée civile de Raqqa (où sont représentés l’ensemble des municipalités), la ville a été débarrasée des débris et gravats causés par la guerre, les routes et rues ont été réouvertes et parfois rénovées alors que les réseaux de distribution d’eau et d’électricité alimentent chaque jour un nombre croissant de foyers.

L’ensemble de ces actions ainsi que la reconstruction des habitations et la mise en place d’un mode de vie collectif et libre dans la région de Raqqa a permis le retour de plus de 700 000 personnes qui avaient fui l’horreur de l’Etat islamique.

Des milliers de maisons reconstruites

Avec l’augmentation de la population à Raqqa depuis sa libération, les travaux de reconstruction se sont accélérés. Les municipalités populaires de Raqqa ont déclaré une amnestie pour celles et ceux qui avaient réparé sans permis leurs logements endommagés. Ces organes d’autogouvernance locaux ont par ailleurs offert leur assistance pour mettre ces habitations aux normes de construction et de sécurité.

En accord avec la loi et les titres de propriété, des permis sont délivrés aux habitant.es de Raqqa pour reconstruire leurs logements ou remettre en valeur leurs terres.

Accueil de réfugié.es

En plus des 700 000 résident.es revenu.es dans leurs logements dans la région de Raqqa grâce aux actions entreprises, la ville accueille environs 80 000 réfugié.es selon la co-présidente du Bureau organisationnel de l’Assemblée civile de Raqqa, Luey Isa.

Elle confirme que les habitant.es de retour à Raqqa après sa libération ont dû faire face dans un premier temps à des services publics inadéquats et défailllants. « Ces problèmes ont été résolus une fois la région de Raqqa totalement sécurisée. Aujourd’hui, celles et ceux qui vivaient à Raqqa retrouvent leurs maisons dans la paix et en toute confiance. Ce retour des civil.es qui avaient été forcé.es de migrer dans des zones sous le contrôle du régime syrien est un processus toujours en cours. »

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