Une cour d’appel de Diyarbakir a confirmé la condamnation de l'ancienne maire kurde Ayşe Gökkan à plus de 22 ans de prison
Ayşe Gökkan (au centre) lors d'une manifestation à Diyarbakir à l'occasion de la journée des droits des femmes du 8 mars

Une cour d’appel de Diyarbakir a condamné l’ancienne maire kurde Ayşe Gökkan à plus de 22 ans de prison, confirmant en grande partie la peine prononcée en première instance.

La politicienne kurde Ayşe Gökkan vient d’être condamnée en appel à plus de deux décennies de prison. La cour d’appel de Diyarbakir a confirmé mercredi le jugement rendu en première instance. Accusée de « terrorisme », Gökkan avait été condamnée en octobre 2021 à une peine de prison draconienne de 30 ans par une cour criminelle de Diyarbakir.

La condamnation se compose de plusieurs peines combinées : Douze ans pour « direction » du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK), sept ans et demi pour « appartenance » à cette même organisation et trois ans pour propagande en faveur du PKK. Au total, Mme Gökkan, qui était jusqu’à son arrestation porte-parole du mouvement des femmes kurdes “Tevgera Jinên Azad” (TJA), a été condamnée en appel à 22,5 années de prison.

Un autre jugement condamnant Ayse Gökkan à sept ans et demi de prison est pendant devant la Cour de cassation.

Journaliste, maire et militante féministe

Née en 1965 à Suruç (Pirsûs), dans la province d’Urfa, Ayşe Gökkan a étudié le journalisme. En 2009, elle a été élue maire de la ville kurde de Nusaybin (Nisêbîn) avec 83% des voix. Au cours de sa carrière politique, elle a été arrêtée à plus de 80 reprises par la police turque et a fait plusieurs séjours en prison. Lorsqu’elle a été arrêtée la dernière fois en octobre 2021, l’activiste kurde était poursuivie dans plus de 200 procédures, la plupart pour « terrorisme ». La majorité de ces poursuites avaient été entamées durant son mandat de maire.

Peine de prison pour avoir protesté contre la construction d’un mur le long de la frontière syrienne

Élue porte-parole du TJA en février 2020, la femme politique kurde a été condamnée la même année à dix-huit mois de prison par un tribunal de Mardin, pour avoir manifesté dans une zone militaire interdite et avoir causé des dommages matériels. Les faits en question remontent à octobre 2013 : celle qui était alors maire de Nusaybin avait protesté contre la construction d’un mur le long de la frontière syrienne, en entreprenant une grève de la faim à proximité de la ligne frontalière. Le lieu de l’action était alors classé comme un parc et n’a été déclaré zone militaire interdite qu’après l’achèvement du mur.

Condamnée pour son engagement dans des organisations de lutte contre la violence patriarcale

L’activiste kurde s’est également vue reprocher son engagement dans l’association de femmes Rosa dont l’objectif est de lutter contre la violence patriarcale. En outre, elle a été accusée d’avoir participé à une manifestation à l’occasion du mouvement de grève de la faim lancé par l’ancienne députée kurde Leyla Güven pour briser l’isolement carcéral imposé au leader kurde Abdullah Öcalan.

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