« La condition première et décisive pour la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Irak est la fin de l’occupation turque sur le territoire irakien », a déclaré la KCK suite à la visite du ministre turc des Affaires étrangères à Bagdad et à Hewlêr.
Le comité des relations extérieures de l’Union des Communautés du Kurdistan (KCK) a réagi suite au voyage en Irak du ministre turc des Affaires étrangères Hakan Fidan. L’ancien chef des services secrets turcs (MIT) s’est entretenu à Bagdad avec son homologue Fuad Hussein. À l’issue de la rencontre, il a fait une déclaration dans laquelle il a souligné les intérêts communs et la souveraineté de l’Irak et appelé à « lutter ensemble contre le terrorisme ». Fidan a déclaré que le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) occupait le territoire irakien et exigé qu’il soit soit reconnu comme organisation terroriste.
« Le ministre turc des Affaires étrangères Hakan Fidan tente de blanchir les sales actions qu’il a commises durant son mandat à la tête du MIT en les commercialisant sous le nom de ‘diplomatie’ », a régi la KCK.
Soulignant que la Turquie avait installé quelque 100 avant-postes, bases militaires et centres du MIT sur le territoire irakien, l’organisation faîtière du mouvement kurde a fustigé le ministre des affaires étrangères, l’accusant de « parler sans vergogne de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Irak ». « Hakan Fidan veut normaliser l’occupation militaire du territoire irakien par la Turquie en s’efforçant de la faire accepter par l’Irak. La Turquie a fait de Hewlêr [Erbil] l’une de ses provinces sur les plans politique, militaire et économique, et cherche à pérenniser son occupation du Kurdistan et de l’Irak par la ‘diplomatie’, en profitant du silence du gouvernement régional du Kurdistan, de l’Etat irakien et de l’ONU », a déclaré le comité extérieur de la KCK.
Fidan connu pour ses sales oeuvres
Dans sa déclaration, la KCK a rappelé que Hakan Fidan était connu pour être un provocateur. En 2014, la presse avait révélé un enregistrement sonore dans lequel Fidan déclarait, lors d’une conversation avec le ministre des affaires étrangères de l’époque et le chef d’état-major adjoint, que pour fabriquer un prétexte à l’invasion du nord de la Syrie, il suffisait de tirer des missiles sur la Turquie depuis le côté syrien. En outre, sur ordre de l’ex-numéro un du MIT, des dizaines de personnes ont été assassinées dans des attentats ciblés à Sulaymaniyah, Shengal et Makhmour, selon la KCK.
Rôle influent dans les relations Turquie-EI
« L’ancien chef du MIT et nouveau ministre turc des Affaires étrangères pense pouvoir vendre ses déclarations démagogiques au monde entier en faisant croire que la Turquie mène une grande lutte contre l’EI [État islamique] », a poursuivi la KCK, rappelant que Fidan avait donné l’ordre au consul général de Mossoul et aux forces spéciales chargées de protéger le consulat de se rendre sans causer de problèmes lorsque l’EI avait envahi la ville en juin 2014. « De fait, les bandes de l’EI qui ont pris le contrôle du consulat en dix minutes se sont déclarées prêtes à discuter avec les représentants turcs immédiatement après l’attaque », ajoute la déclaration.
« À l’époque où Hakan Fidan était chef du MIT, des dizaines de massacres et d’attentats à la bombe ont été perpétrés par l’EI avec le soutien de l’État turc, sans que les véritables auteurs ne soient arrêtés », a accusé le mouvement kurde.
Le Sud-Kurdistan en voie de devenir une province turque
« L’objectif principal des visites de Hakan Fidan à Bagdad et à Hewlêr est de faire du Sud-Kurdistan une province turque et de consolider l’occupation de facto du territoire irakien par la Turquie », a dénoncé la KCK. Et de poursuivre: « Notre mouvement n’a aucun problème avec l’État irakien et ses peuples. Nous avons toujours eu des relations amicales avec l’Irak, car il est le seul État de la région capable de développer des solutions au problème kurde et de garantir constitutionnellement l’existence et la liberté des Kurdes. L’occupation turque veut impliquer l’Etat irakien dans sa politique génocidaire contre les Kurdes et en faire un partenaire dans ses problèmes. C’est pourquoi Fidan, responsable d’innombrables assassinats contre des Kurdes, demande à l’Irak de déclarer le PKK organisation terroriste. La Turquie expansionniste tente sans cesse, avec le soutien du PDK [Parti démocratique du Kurdistan, dominé par le clan Barzani], de mettre notre mouvement et l’État irakien sur la voie de la confrontation. Nous savons que les représentants de l’État et du gouvernement irakiens, les intellectuels patriotes et le peuple ne se laisseront pas prendre à ce jeu et s’y opposeront. »