Le réseau de corruption en Turquie ne doit pas être négligés dans la recherche des responsabilités, estime la journaliste Constanze Letsch
Les tremblements de terre survenus le 6 février dans le sud de la Turquie, à population majoritairement kurde, ainsi que dans le nord de la Syrie, ont causé des dizaines de milliers de morts

Les modifications apportées par le gouvernement turc à la législation sur la construction “pour faciliter la croissance démesurée d’un secteur de la construction destructeur et insatiable” et le réseau de corruption dans le pays ne doivent pas être négligés dans la recherche des responsabilités, estime la journaliste Constanze Letsch dans sa chronique pour le Guardian.

Les tremblements de terre survenus le 6 février dans une large zone du sud de la Turquie, à population majoritairement kurde, et dans le nord de Syrie sont la catastrophe la plus meurtrière de ce dernier siècle, particulièrement pour l’État turc. Pour que les responsables des innombrables destructions causées en Turquie, répondent de leurs actes, Constanze Letsch, ancienne correspondante du Guardian en Turquie, estime qu’il faut d’abord mettre au jour le réseau de corruption dans le pays.

Dans sa chronique parue mercredi dans le journal britannique, Mme Letsch évoque les quelque 130 mandats d’arrêt émis contre des entrepreneurs et la promesse du ministre turc de la justice, Bekir Bozdağ, de demander des comptes à tous les responsables. Elle fait valoir cependant que les modifications apportées par le gouvernement à la législation sur la construction “pour faciliter la croissance démesurée d’un secteur de la construction destructeur et insatiable” ne doivent pas être négligées dans la recherche des responsabilités.

L’effondrement de milliers de bâtiments, dont beaucoup d’immeubles récents, a suscité une grande colère au sein de la population.

« Ces types d’avidité et de profits flagrants ne sont pas des crimes solitaires », déclare la journaliste. “Ces complexes résidentiels n’auraient pas pu être construits sans les permis de construire et les licences délivrés par l’État, sans les signatures d’approbation d’inspecteurs du bâtiment théoriquement indépendants, et sans les rapports nécessaires des laboratoires chargés du contrôle de la qualité des matériaux de construction.”

Comme l’observe la journaliste, Le Parti de la justice et du développement (AKP) est au pouvoir depuis 20 ans, et durant cette période, les autorités ont fréquemment été alertées par les experts sur les précautions à prendre face au risque sismique important auquel la Turquie est exposée. Et  la chroniqueuse de faire ce constat implacable: “Il [l’AKP] avait le temps et les moyens de s’attaquer à un secteur de la construction notoirement frauduleux, de freiner les entrepreneurs irresponsables et de fournir des logements sûrs et sains à tous les citoyens dans un pays exposé aux tremblements de terre. Il a choisi de ne pas le faire.”

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