La campagne "Sauver le tigre" appelle à l'arrêt immédiat du remplissage du réservoir du barrage d'Ilisu, au Nord-Kurdistan (Turquie)
Le site antique de Hasankeyf, sur les rives du Tigre, dans la province de Batman, menacé par le projet de barrage d'Ilisu

La campagne “Sauver le tigre” appelle à l’arrêt immédiat du remplissage du réservoir du barrage d’Ilisu, au Nord-Kurdistan (Turquie)

L’organisation environnementale a publié une déclaration appelant à un arrêt immédiat du remplissage du réservoir du barrage d’Ilisu qui risque de détruire le patrimoine culturel et menace la stabilité régionale.

Voici cette déclaration :

“Malgré une forte opposition nationale et internationale, le gouvernement turc a commencé à remplir le réservoir du barrage controversé d’Ilisu sur le Tigre, dans le sud-est kurde de la Turquie, sans donner d’avertissement officiel à ceux qui vivent encore dans la région.

Ni l’organisme public responsable du barrage, Travaux Hydrauliques d’Etat (DSI), ni aucune autre institution gouvernementale n’a fait de déclaration au sujet du remplissage du réservoir, bien que le DSI ait reconnu de manière informelle avoir lancé un “test de remplissage”.

Les photos partagées sur les médias sociaux montrent une route longeant le Tigre, juste en amont du barrage, inondée par l’eau et des photographies satellites révèlent un réservoir de plusieurs kilomètres de long.

Près de 80 000 personnes réparties sur 200 sites d’habitation vont perdre leurs moyens de subsistance et s’appauvrir à cause du barrage,

Une fois rempli, le réservoir engloutira également la ville de Hasankeyf, vieille de 12 000 ans, site d’importance historique et culturelle internationale, ce qui serait une perte, non seulement pour la région, mais pour l’humanité toute entière. Selon des chercheurs indépendants, Hasankeyf et la vallée du Tigre environnante remplissent 9 critères sur 10 pour être inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. La menace que représente le projet du barrage d’Ilisu pour Hasankeyf a incité le Fonds Mondial pour les Monuments (WMF) à inscrire la ville sur sa liste des 100 sites les plus menacés au monde en 2008.

La décision de procéder au remplissage du réservoir enfreint le droit coutumier international, aucun accord n’ayant été conclu concernant les écoulements en aval vers la Syrie et l’Irak, pays qui partagent le Tigre avec la Turquie.

Les experts ont averti que l’exploitation du barrage d’Ilisu, en conjonction avec un autre projet prévu à Cizre, pourrait réduire à néant le flux du Tigre pendant les années sèches. Il existe une crainte très réelle que le projet risque de mettre sérieusement en péril l’approvisionnement en eau des principales villes d’Irak et de mettre l’agriculture en aval en péril. Le site UNESCO des marais mésopotamiens dans le sud de l’Irak serait menacé d’assèchement en raison de la réduction des débits en aval. La possibilité que le barrage exacerbe les conflits régionaux existants, notamment au sujet de l’eau, est donc grave.

La campagne “Sauver le Tigre” appelle la communauté internationale à signifier au gouvernement turc l’ampleur de son inquiétude à l’égard de ce projet et à demander instamment que le remplissage du réservoir soit stoppé dans l’attente:

– d’un accord mutuel avec l’Iraq et la Syrie garantissant des débits d’eau suffisants en aval pour préserver l’approvisionnement en eau, l’agriculture et les écosystèmes (notamment les marais mésopotamiens) en Syrie et en Iraq;

– du résultat d’une discussion large, participative, inclusive et transparente avec les représentants des communautés touchées, tant en Turquie que dans la région, visant à élaborer des politiques en vue d’une utilisation durable et équitable du Tigre.

L’ampleur de l’opposition internationale, locale et régionale au projet Ilisu a été démontrée par de nombreuses manifestations à travers le monde. Une récente journée d’action a été marquée par des manifestations en Allemagne, en France, en Iraq, aux États-Unis et ailleurs.

Nous demandons donc l’arrêt immédiat du remplissage du réservoir du barrage d’Ilisu.”

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