Des images inhumaines nous parviennent de la frontière entre les USA et le Mexique avec des personnes désespérées demandant l’asile, des enfants et des bébés, bombardés de gaz lacrymogène par les garde-frontière US. Moi qui ai été une enfant réfugiée, qui ait grandi sans maison dans les camps du Rojhelat avec ma famille, il a été toujours profondément important pour moi et pour mon éthique personnelle de visiter les camps de réfugiés au Bakur, au Basur et au Rojava pendant les années que j’ai passées au Kurdistan. La différence que je trouve frappante, c’est le contraste sur le plan de l’humanité et des perspectives idéologiques et collectives à l’égard des réfugiés et des personnes déplacées au Rojava.
La région du Rojava, sur ce plan, était une frontière idéologique définissant un rempart entre l’humanité, la démocratie et la coexistence et le fascisme, et n’a jamais été un territoire physique représentant les valeurs euro centrées de la possession de la terre par son ethnie dominante, les Kurdes.La notion de coexistence pacifique et de tolérance envers les personnes qui partageaient déjà la terre et envers celles qui cherchaient refuge au Rojava a toujours été évidente. Malgré un long embargo humanitaire de 3 ans imposé par la Turquie, la bataille contre l’E.I, l’invasion turque à Afrin, les milliers d’hectares de terres agricoles, de vergers et de troupeaux détruits par l’E.I, l’économie paralysée et les centaines de milliers de réfugiés internes arrivant au Rojava, les portes ont toujours été ouvertes pour les réfugiés, y compris pour les milliers de Yezidis, Arabes et Chrétiens venant d’Irak . Le souci n’a jamais été de les accueillir, mais plutôt de les accueillir le mieux possible, tout en assurant la sécurité des communautés d’accueil contre les infiltrés de l’E.I qui se cachaient souvent dans les vagues d’immigrants
Il y a tant à apprendre du Rojava dans sa démonstration de ce qu’est un comportement humaniste. Il y a tant à apprendre d’un système démocratique radical par la base, en lutte contre la suprématie blanche, néolibérale et capitaliste. Il y a tant à apprendre de l’imposition de frontières artificielles par le système blanc euro centré , contre celui des habitants locaux, indiens, indigènes, aborigènes et premiers habitants de terres partagées. La propriété de la terre est une notion occidentale, blanche, patriarcale et génocidaire.
Il n’y a pas de « caravanes » de mauvaises personnes, il n’y a pas d’invasion de « boat people ». Ce n’est qu’une invention de leurs machines de guerre médiatiques, de la politique des frontières, des machines de guerre industrielles et des intérêts économiques néocoloniaux qui paralysent des sociétés et des économies déjà en partie détruites.
C’est pour cette raison que ceux et celles d’entre nous qui sont des réfugié(e)s, ceux et celles d’entre nous qui sont des progressistes, des féministes, des écologistes, ceux qui croient au droit inaliénable à la sécurité et à la paix, doivent se faire entendre , crier plus fort pour couvrir leurs mensonges. Et nous devons le faire immédiatement, car la situation est critique.
Par Hawzhin Azeez