Un groupe de députés européens a demandé à Josep Borrell de faire pression sur la Turquie face à l'agression contre le nord de la Syrie
En trois mois, la Turquie a frappé à trois reprises les installations vitales du nord de la Syrie

Un groupe transpartisan de députés européens a demandé au chef de la diplomatie européenne Josep Borrell de faire pression sur la Turquie face à l’agression contre le nord et l’est de la Syrie. Le silence face aux crimes de guerre n’est pas une option, ont-ils plaidé.

Des députés européens ont demandé au chef de la diplomatie de l’Union européenne (UE), Josep Borrell, de faire pression sur la Turquie. Selon eux, face aux attaques dans le nord et l’est de la Syrie et aux nouvelles menaces de guerre de Recep Tayyip Erdoğan, le représentant de l’UE pour les affaires étrangères doit faire pression pour que cesse « l’agression non provoquée et les crimes de guerre de la Turquie » contre la population de la région autonome du nord et de l’est de la Syrie. Dans une lettre, le groupe de députés européens issus de différents partis a averti que les bombardements turcs dans le nord et l’est de la Syrie constituaient également un danger pour l’Europe. « Ils visent à détruire la stabilité régionale et créent des conditions qui pourraient permettre une résurgence de la milice terroriste Etat islamique (EI) », ont-ils averti.

La lettre adressée à Borrell est signée par les eurodéputés François Alfonsi, Andreas Schieder et Nikolaj Villumsen. Les parlementaires soulignent que malgré les accords de cessez-le-feu et de désescalade conclus entre Ankara et les puissances garantes, à savoir la Russie et les États-Unis, après la dernière guerre d’agression turque contre le nord et l’est de la Syrie en octobre 2019, la Turquie continue d’attaquer la région, sapant ainsi les efforts de stabilité.

Deux millions de personnes privées d’électricité

« C’est la troisième fois en trois mois et demi que [la Turquie] bombarde des installations importantes pour la vie quotidienne. Depuis le 13 janvier, des centrales électriques, des champs de pétrole (la principale source de revenus de la région), des habitations, des entrepôts, des usines et d’autres bâtiments civils ont été détruits. Nombre de ces installations venaient d’être remises en service par des réparations d’urgence après la dernière attaque. Deux millions de personnes sont privées d’électricité. Pas d’électricité signifie pas d’eau, des soins médicaux limités, pas de boulangerie, pas d’école ou d’université qui fonctionne et d’énormes dégâts économiques. La seule station de remplissage de bouteilles de gaz des ménages a également été détruite. Les gens ne sont pas en mesure de chauffer leurs maisons ou d’obtenir du gaz pour cuisiner ».

Les députés ont ajouté que les attaques contre les infrastructures vitales du nord et de l’est de la Syrie constituaient en elles-mêmes un crime de guerre, et qu’elles représentaient en outre un acte d’agression totalement gratuit. « La région n’a jamais représenté une menace pour la Turquie. En fait, ses Forces démocratiques syriennes (FDS) ont mené la lutte contre l’EI aux côtés de la coalition internationale. Elles sont des alliées importantes de la coalition, qui reconnaît que les FDS ne sont pas liées au PKK. Pourtant, à chaque fois que le PKK agit en Turquie ou contre les forces turques en Irak, la Turquie attaque des cibles civiles en Syrie. Si son allégation selon laquelle cela est couvert par le droit à la légitime-défense n’est pas contestée, cela crée un précédent très dangereux. »

Se taire n’est pas une option

Les députés européens ont également mis en garde contre le fait que l’agression turque contre le nord et l’est de la Syrie rendait plus difficile la surveillance de milliers de djihadistes de l’EI. Pas plus tard que mardi, il y a eu une tentative d’évasion de la prison de Sinaa à Hassaké, qui abrite plus de 4.200 prisonniers de l’EI de différents pays, dont des djihadistes très dangereux et des mineurs partisans de l’organisation de jeunesse de l’EI « Les jeunes lions du califat ». La tentative d’évasion, finalement déjouée, a été rendue possible par la chute d’un missile. « Se taire face à ces crimes et ces dangers n’est tout simplement pas une option », ont conclu les élus européens.