David Graeber : Les Kurdes perdent un grand ami
David Graeber. Photo/Michelle McLoughlin

L’anthropologue et militant anarchiste David Graeber est décédé mercredi à l’âge de 59 ans dans un hôpital vénitien. Intellectuel bien connu sur la scène médiatique anglo-saxonne, Graeber a écrit plusieurs ouvrages importants, notamment sur l’histoire de la Dette en 2011, sur la Bureaucratie en 2015, et plus récemment sur les “Bullshits jobs”, les jobs de merde, en 2018. Ce dernier livre abordant la question du manque de sens au travail et des emplois inutiles voire néfastes à la société a eu un large écho auprès du public.

Si il explique en 2015 au journal Le Monde séparer ses activités militantes de son travail d’anthropologue, ses différentes publications s’inscrivent dans la lignée de son engagement militant. L’université de Yale refuse de le titulariser en 2005, pour des raisons obscures probablement liées à son engagement politique. Après avoir participé à l’émergence du mouvement Occupy Wall Street aux USA en 2011, il avait affiché son soutien à la révolution en cours au Rojava. On peut le voir dans cette interview de 2014 traduite sur le site Kedistan :

Il y déclare notamment :

“Et bien, si quiconque avait le moindre doute à savoir s’il s’agissait vraiment d’une révolution, ou juste d’une espèce de façade, je dirais que cette visite y a apporté une réponse définitive. Il y a encore des gens qui parlent de cette façon : “ceci n’est rien d’autre qu’une façade du PKK (le Parti des travailleurs du Kurdistan), ils-elles ne sont qu’une organisation stalinienne autoritaire qui fait semblant d’avoir adopté une forme radicale de démocratie.” Non. Ils-elles sont tout à fait authentiques. Il s’agit d’une vraie révolution.”

A l’image de l’activiste kurde Dilar Dirik, nombreu.se.s sont les militant.e.s kurdes qui lui rendent hommage. 

Plus récemment, il s’était rendu à Paris pour observer le mouvement des Gilets Jaunes. 

Depuis son décès, les hommages se multiplient, montrant l’importance des apports de Graeber à la réflexion politique dans les milieux de la gauche radicale. Il est aussi un des rares intellectuels dont l’action militante de terrain irriguait les travaux universitaires. Avant sa mort, il travaillait à un nouvel ouvrage sur l’histoire des sociétés non-hiérarchiques.

Graeber ne croyait pas à la verticalité du pouvoir, et s’est attaché dans ses travaux à montrer que l’être humain vivait mieux dans une société horizontale.

Oxir be Hevalê David…

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