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Mazlum Abdi, commandant en chef des Forces démocratiques syriennes (FDS). Photo AFP

« Nous pensons que les États-Unis sont la principale puissance capable d’influencer la position de la Turquie et de mettre un terme à ses menaces », a déclaré Mazlum Abdi, commandant général des Forces démocratiques syriennes (FDS), dans une interview accordée à Voice of America (VOA).

« Les États-Unis sont à la tête de l’alliance de l’OTAN et ont à ce titre une influence sur la Turquie », a déclaré Mazlum Abdi à VOA. « En même temps, ils entretiennent des liens étroits avec les FDS dans le cadre de la coalition anti-Daesh. Les États-Unis connaissent donc très bien les deux camps et constituent l’unique puissance capable d’empêcher la guerre et de rapprocher tous les partis. »

Déploiement de troupes

Depuis des semaines, la Turquie déploie ses troupes le long de sa frontière avec la Syrie pour ce qui semble être une attaque imminente contre les FDS.

Les États-Unis maintiennent cependant une présence militaire dans les zones contrôlées par les forces kurdes en Syrie, qui ont joué un rôle déterminant dans la lutte contre les djihadistes de l’Etat islamique (EI).

Il y a environ 2 000 soldats américains sur le terrain, ont indiqué des responsables américains de la défense. Cependant, le président américain Donald Trump a promis de réduire ce nombre à 400 hommes.

Le partenariat entre les forces américaines et les forces kurdes locales a aidé à repousser l’EI de presque tout le territoire qu’il occupait depuis 2014, y compris sa soi-disant capitale, Raqqa.

En mars 2019, l’EI a été déclaré vaincu après avoir été poussé hors de son dernier bastion de l’est de la Syrie.

Les menaces turques profitent à l’EI

Selon Mazlum Abdi, les tensions persistantes entre la Turquie et les forces kurdes ont permis aux djihadistes de l’EI de reprendre des forces et mener des attaques de grande envergure contre les combattants des FDS dans l’est de la Syrie.

« Daesh profitera de cette intervention [turque], a-t-il déclaré. En fait, Daesh profite maintenant des menaces turques persistantes en intensifiant ses attaques sur les zones que nous avons libérées récemment. Si la guerre avec la Turquie éclatait, nos forces n’auraient d’autres choix que de se retirer des zones libérées des terroristes de l’EI, pour se concentrer sur les lignes de défense le long de la frontière [avec la Turquie]. Notre priorité sera de nous protéger de la Turquie. Cela créera, bien sûr, un vide militaire et sécuritaire dans les zones libérées des terroristes de Daech. Cela offrirait à Daesh la possibilité de réapparaître dans certaines régions et d’annoncer à nouveau son califat », a déclaré Abdi.

La position turque

Dimanche, le président turc Recep Tayyip Erdogan a réitéré ses menaces de mener une opération à l’est de l’Euphrate, dans le nord de la Syrie, dans une zone contrôlée par les FDS.

« Nous sommes entrés dans Afrin, Jarablus, al-Bab. Nous allons maintenant entrer dans l’est de l’Euphrate. Nous avons partagé cela avec la Russie et les États-Unis. Tant que nous subirons des harcèlements, nous ne pourrons pas rester silencieux », a déclaré Erdogan lors d’une cérémonie.

Depuis 2016, la Turquie a pris le contrôle de plusieurs villes frontalières en Syrie, notamment Afrin, Jarablus et al-Bab.

Mazlum Abdi a cependant déclaré que les FDS n’autoriseraient pas une présence militaire turque dans le nord de la Syrie.

Le rôle des États-Unis

Après l’annonce par Trump l’année dernière, d’un retrait des troupes américaines du territoire Syrien, Washington et Ankara ont convenu d’établir une zone de sécurité du côté syrien de la frontière.

Mais les pourparlers ont été bloqués, la Turquie exigeant de « nettoyer » des combattants kurdes ladite zone de sécurité.

Afin d’éviter une confrontation entre la Turquie et les FDS, James Jeffrey, représentant spécial américain pour la Syrie et envoyé spécial pour la coalition internationale, a eu plusieurs réunions avec les responsables turcs ces derniers jours.

« Les États-Unis ont jusqu’à présent réussi à empêcher la guerre. Nous voyons cela d’une manière positive, mais il n’y a pas encore d’accord final. Les réunions et les discussions se poursuivent et nous en faisons partie », a déclaré le commandant kurde Mazlum Abdi.

« Nous soutiendrons tous les efforts déployés par M. Jeffrey et nous avons fait preuve de beaucoup de flexibilité pour soutenir de tels efforts ».

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