Attentat de Suruç: quatre années de quête de justice et de vérité

Le 20 juillet 2015, un attentat suicide était commis dans la ville kurde de Suruç frontalière avec la Syrie, par un ressortissant turc du nom d’Abdurrahman Alagöz que les autorités turques allaient identifier par la suite comme un membre de Daesh. 33 personnes étaient tuées dans l’explosion et plus d’une centaine d’autres blessées.

Le kamikaze a pris pour cible des membres de la Fédération des Associations de Jeunes socialistes (SGDF), environ 300 personnes réunies dans le centre culturel de la ville pour une conférence de presse organisée afin d’annoncer leur départ à Kobanê. 

Le voyage prévu à Kobanê devait être un acte de solidarité avec cette ville kurde du nord de la Syrie meurtrie par plusieurs mois de combats acharnés livrés par les forces kurdes YPG/YPJ contre l’organisation djihadiste Daesh, entre septembre 2014 et janvier 2015. Les jeunes  voulaient participer à la reconstruction de la ville martyre et avaient dans leurs bagages beaucoup de jouets pour les enfants.

Quatre ans après ce massacre, les responsables n’ont toujours pas été identifiés.

Depuis quatre ans, les survivants du massacre Suruç sont confrontés à une répression continue Des autorités turques parce qu’ils demandent que justice soit rendue. Des dizaines d’entre eux ont été arrêtés, ainsi que des avocats qui les défendaient ont été arrêtés au cours des quatre dernières années. Les tombes des victimes ont par ailleurs été vandalisées.

Le massacre de Suruç a marqué le début d’une période sanglante. La vague d’arrestations qui a suivi le massacre n’a pas été dirigée contre l’Etat islamique, mais contre des membres du Parti démocratique des Peuples (HDP) et de la SGDF. Des centaines de personnes ont été arrêtées et détenues dans différentes villes du pays. 

Le dossier d’enquête sur l’attentat a été classé secret. Le procès n’a commencé que 21 mois après, le 4 mai 2017.

Le chef de la police, Mehmet Yapalal, a été condamné à une amende pour avoir révélé que le kamikaze était connu de la police et que celle-ci avait été informée de la possibilité d’un attentat.

Le 26 mars 2018, deux autres policiers ont été entendus au procès pour abus de pouvoir et négligence. Un des policiers accusés, Ali Koçak, qui est en garde à vue, a déclaré lors du procès que la police avait été informée de l’attentat-suicide mais n’avait pris aucune mesure.

Les commanditaires du massacre de Suruç n’ont toujours pas été identifiés. Les proches des victimes, les survivants, les témoins et les avocats sont constamment confrontés à des arrestations et détentions. Les avocats Özlem Gümüştaş, Sezin Uçar et les survivants blessés Havva Cuştan, İlke Başak Baydar, Mazlum Demirtaş, Koray Türkay et Ali Deniz Esen ont été arrêtés.

Tandis qu’ils continuent d’exiger justice et vérité, les survivants du massacre de Suruç soutenus par l’opposition kurde et socialiste reprochent au Président turc Recep Tayyip Erdogan de tout faire pour empêcher que la lumière soit faite sur l’attentat meurtrier de Suruç.

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