Ils sont une cinquantaine de militants d’Amnesty international à avoir manifesté ce jeudi devant l’ambassade de Turquie à Paris pour réclamer la libération « immédiate » des défenseurs des droits de l’Homme récemment arrêtés par Ankara, dont deux dirigeants locaux de l’ONG, a constaté un journaliste de l’AFP.

Vêtus de T-shirt jaunes aux couleurs de l’ONG, les manifestants se sont alignés face à l’entrée de l’ambassade, le regard droit et fermé. Une quinzaine d’entre eux, bras tendus, avaient enfilé des menottes en signe de protestation contre la « vague de répression, sans précédent dans l’histoire récente de la Turquie » en cours selon eux depuis le coup d’Etat raté de juillet 2016.

Six militants des droits de l’Homme incarcéré

« Nous réclamons la libération immédiate et inconditionnelle de tous les militants des droits de l’Homme arrêtés, dont notre président en Turquie, Taner Kiliç, et notre directrice, Idil Eser », a déclaré sur place à l’AFP Nicolas Krameyer, responsable du programme « libertés » d’Amnesty France.

La justice turque a ordonné cette semaine l’incarcération de six militants des droits de l’Homme arrêtés début juillet, dont Idil Eser. Ils sont selon Amnesty « accusés d’avoir commis un crime au nom d’une organisation terroriste, sans en être membre ».

L’expression « organisation terroriste » désigne le plus souvent pour les autorités turques les partisans du prédicateur Fethullah Gülen, accusé d’avoir fomenté le putsch manqué, ou les séparatistes kurdes du PKK. Taner Kiliç avait lui été arrêté début juin.

Paris demande leur « libération rapide »

« Défendre les droits de l’Homme en Turquie expose à des dizaines d’années d’emprisonnement, c’est scandaleux ! », a ajouté Nicolas Krameyer, en soulignant que Idil Eser avait été placée « à l’isolement, dans une cellule de 4 mètres sur 2 et sans accès à ses proches ni à ses traitements médicaux », seul son avocat ayant accès à elle.

Avant de se disperser dans le calme avant midi, sous l’œil de policiers, les militants ont tenté en vain de déposer à l’ambassade de Turquie une liste de 100.000 signataires des pétitions en ligne lancées par l’ONG pour la libération de ses cadres emprisonnés.

« Notre mobilisation continuera jusqu’à ce que les défenseurs des droits de l’Homme soient tous libérés », a conclu Nicolas Krameyer.

Le Conseil de l’Europe, dont fait partie la Turquie, a exigé leur libération « immédiate ». L’Allemagne, dont un ressortissant a été arrêté en même temps que Idil Eser, a haussé le ton en se déclarant « indignée » et en convoquant l’ambassadeur de Turquie. La France s’est elle déclarée « préoccupée » et a demandé leur « libération rapide ».

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