L’Initiative internationale pour la justice en faveur de Nagîhan Akarsel a lancé un appel urgent aux journalistes, universitaires, artistes, organisations de défense des droits humains et des droits des femmes, tant au niveau régional qu’international, afin de se mobiliser contre les assassinats politiques des femmes kurdes, organisés par l’État turc. Cet appel s’inscrit dans une lutte continue pour la justice concernant l’assassinat de la journaliste et militante kurde des droits des femmes, Nagîhan Akarsel, tuée il y a deux ans à Sulaymaniyah, au sud-Kurdistan (irak).

L’initiative rappelle qu’en dépit des preuves claires montrant l’implication directe des services de renseignement turcs dans l’assassinat d’Akarsel, seule une personne, Ismaîl Rasîm Rifat Peker, a été condamnée. Le manque de poursuites judiciaires contre les véritables instigateurs de ces crimes, ainsi que l’absence de mesures politiques préventives, perpétuent un climat d’impunité, encourageant ainsi de nouvelles violences.

**Un crime politique impuni**

Nagîhan Akarsel, une journaliste, universitaire et militante de renom, a été assassinée le 4 octobre 2022, alors qu’elle quittait son domicile à Sulaymaniyah, dans la région du Kurdistan irakien. Cet assassinat ciblé s’inscrit dans une série d’attaques menées par l’État turc contre des figures kurdes. Les organisations de femmes, les universitaires et les militants des droits humains ont alors uni leurs voix, appelant les Nations unies, le Conseil de l’Europe et le gouvernement irakien à ouvrir une enquête transparente sur cet assassinat politique.

Malgré la condamnation d’Ismaîl Peker, un citoyen turc ayant déjà purgé une peine pour violences en Turquie, aucune mesure judiciaire n’a été prise à l’encontre des responsables de l’organisation de ce meurtre. Des preuves accablantes montrent que Peker, agissant sous les ordres des services de renseignement turcs (MIT), a été chargé de l’assassinat d’Akarsel et financé pour accomplir cet acte criminel à Sulaymaniyah.

**L’implication continue de l’État turc dans les assassinats politiques**

Cet assassinat n’est pas un cas isolé. L’Initiative pour la justice rappelle les nombreux précédents, tels que l’assassinat de Sakîne Cansiz, Fîdan Doğan et Leyla Şaylemez en 2013 à Paris, ainsi que celui d’Aminê Kara en 2023 à Paris, perpétrés avec la même impunité. L’État turc continue de viser les femmes militantes kurdes, aussi bien sur le territoire turc qu’au-delà de ses frontières, notamment en Irak et en Syrie, sans que la communauté internationale ne prenne de mesures dissuasives.

**Appel à la mobilisation internationale**

L’Initiative demande une intervention urgente de la communauté internationale pour faire cesser ces crimes politiques et assurer la protection des militants kurdes, en particulier des femmes. Elle appelle notamment :

– À la poursuite et à la condamnation des véritables instigateurs de l’assassinat de Nagîhan Akarsel et des autres responsables de ces crimes politiques.
– À la fermeture de l’espace aérien de l’Irak et de la Syrie aux forces aériennes turques, afin de mettre fin aux frappes de drones qui visent systématiquement des civils et des militants kurdes.
– À l’arrêt immédiat des attaques systématiques de l’État turc contre les civils kurdes et les défenseurs des droits des femmes, tant en Irak qu’en Syrie.
– À la mise en place de sanctions internationales contre le régime turc pour violations des droits humains, en particulier pour les crimes de guerre et les féminicides politiques.

Ce n’est qu’en adoptant des mesures fermes et efficaces que la communauté internationale pourra prévenir de futurs assassinats politiques et garantir la justice pour Nagîhan Akarsel ainsi que pour toutes les femmes victimes de ces violences. L’initiative conclut en réaffirmant que tant que l’État turc ne sera pas tenu responsable de ses crimes, la quête de justice continuera.