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Riza Altun, membre du conseil exécutif de l'Union des Communautés du Kurdistan (KCK).

Nous publions la deuxième partie de l’interview de Riza Altun, membre du Conseil exécutif de l’Union des communautés du Kurdistan (KCK), qui s’exprime sur les élections anticipées en Turquie, la politique internationale et l’approche des forces internationales vis à vis de la Turquie, sur le rôle des kurdes dans l’ensemble du Kurdistan et de la situation chaotique de l’Irak.

SI LA TURQUIE CONTINUE COMME ÇA, CELA PEUT CAUSER DES PROBLÈMES

La coalition internationale a dit ce qui suit : « On peut fermer les yeux sur ta politique jusqu’à un certain point, mais à partir du moment où tu mettras ma présence en danger je saurai te refuser ». Et c’est pour cela que dans le cas ou la Turquie poursuivra ses relations avec l’OTAN, elle sera la cible des différentes forces régionale et mondiale.

Les sanctions évoluent et les attitudes deviennent plus claires. En faite, l’intervention de la France, de l’Angleterre, les discours de Macron, le fait que les français apportent de la force, le fait que les américains retirent leurs forces sont les signe d’un passage à une nouvelle position et cela est un indicateur de force. Si la Turquie continue comme ça, cela peut causer des problèmes.

Mais si la Turquie assoupli ses relations avec la Russie et se met en relation avec la coalition internationale, que ce passera-t-il ?

Il a, alors, le risque de se retrouver face à face avec l’Iran et la Russie. Ça reflète une impasse dans les deux angles. Entrer en contacte à la fois avec la Russie et la collation internationale, les turcs disent « Nous avons attrapé l’occasion d’être présent au Moyen-Orient ». Et ceux qui disent ça sont les anciens diplomates, alors que la Turquie est rentrée dans une cage. La collation que vont former l’Egypte et les Saoudiens, vont lui permettre de s’exprimer au nord de la Syrie, et la situation hégémonique qui va se former suite à l’arbitrage, dans cette zone, de l’Angleterre, la France et l’Amérique explique une collision avec la Turquie. Mais, s’il se penche plus vers la coalition internationale, alors il sera face à face avec la Russie. Ce n’est pas si facile. Cerablus, Bab, Efrîn, İdlib, est une longue zone. Visualisez la carte dans votre tête. Dans cette zone il y a plus de 100 000 forces armées. Et c’est la Turquie qui fait le patronage. Au même moment, il y’a 3 millions de réfugiés en Turquie, et approximativement 2 millions de réfugiés qui vivent dans cette zone. Au total, il y a 5 millions de réfugiés et 100 000 forces armées. Que les relations avec la Russie soient négatives ou positives, ceci est un problème. Si la situation est négative, elle peut lui demander de se retirer en Turquie avec ses 100 000 forces armées et les réfugiés. Si toutes ses forces partent, cela créera des problèmes. Disons qu’elle prend position du côté de la Russie. Lorsque qu’une solution se développera en Syrie, soit ce sera une Syrie divisé, soit la partie de Cerablus jusqu’à Idlib va être annexée comme Hatay, la Turquie acceptera le Qatar ou la Fédération et si elle n’arrive pas à le faire faire, elle se retrouvera avec un fardeau de 100 000 forces armées et 5 millions de réfugiés. Elle est dans une grande impasse.

ERDOGAN NE COMPRENDS PAS LES DÉFAITES SUBITS DURANT SA VICTOIRE

Erdogan lance des cris de victoires. La plupart du temps, ceux qui pensent avoir égagné ne comprennent pas la défaite qu’ils ont vécu dans la victoire. Après avoir savouré cette victoire, ils comprendront la défaite qu’ils ont vécu. Mais il sera trop tard. La Turquie suppose avoir gagné une grande victoire à Efrîn. Elle pense avoir mis la main sur une zone appartenant aux Kurdes, et où elle s’est approché sur la base de l’hostilité Kurde. Elle s’est retiré dans une zone qui va la mettre dans une position qu’elle supportera pas. Une position qui ne la sauvera pas, même si elle donnait 10 fois plus que ce qu’elle avait gagné.

L’Iraq est le lieu le plus en crise du Moyen-Orient. La crise actuelle va-t-elle évoluée ? Où est-ce que les élections apporterots une solution aux crises au Moyen-Orient ?

La modernité capitaliste a sa crise et il y a la crise au Moyen-Orient. Nous appelons ça la 3ème Guerre Mondiale. Là où la 3ème Guerre Mondiale est la plus visible est le Moyen-Orient. Il ne faut pas attendre la résolution des crises s’il n’y a pas un point de vue général sur la crise au Moyen-Orient et une approche pour la résolution de la crise dans le monde. Il peut y avoir des hauts et des bas dans les États-nations, ou en général. Lorsqu’on regarde sur une courte période, on peu le voir. Par exemple, à une période, Saddam était essentiel. Il a était renversé, mais est-ce que la crise a été résolue ? Non, bien au contraire, la crise s’est encore plus approfondie. La création d’un nouveau gouvernement a pris du temps. Une structure plus démocratique est apparue. Le silence a durée pendant un moment. Puis DAESH a fait sont apparition. DAESH est partit, et maintenant il est là période électorale. Mais est-ce que la crise disparaîtra ? Non. Il y a une crise au Moyen-Orient. C’est pourquoi, il faut prendre en considération la zone dans son ensemble. On ne peut pas évaluer les crises si les raisons de celles-ci ne sont pas prises en compte dans son ensemble. Il faut évaluer les pays un par un. Exemple, le problème en Syrie, n’est pas celui de la Syrie mais il est valable aussi pour l’Iraq. Mais le problème est celui du Moyen-Orient. Dans tout le Moyen-Orient, il y a le problème de la Syrie et de l’Iraq. C’est pourquoi, les élections ne peuvent pas résoudre la crise. Aujourd’hui, avec ce genre d’approche, les crises s’approfondissent. Il n’y a pas d’approche pour une solution générale.

Les élections en Iraq vont apportées une solution à quoi ? Il y a une structure problématique. Malgré la structure désordonnée. Les chiites sont au pouvoir. Il y’a aussi les sunnites, mais il n’y pas une force concrète qui les représente. Pour cette raison, il est nécessaire de suivre le pouvoir représentatif qui va émerger là.

Malgré que le Kurdistan soit une fédération, le troisième facteur est la non résolutions des problèmes. Surtout quand nous regardons les derniers problèmes rencontrés à Kirkouk, les élection ne peuvent pas résoudre ces problèmes. Les élections ne résolvent pas le problème sectaire, le problème ethnique, la politique imposée par la conjoncture internationale. Les élections peuvent même jouer un rôle comme celui-ci. Ce n’est pas un processus qui sert à la résolution, il y une entente et une pratique née du chaos et de la crise qui l’emmène vers sa propre hégémonie. Ceux-ci approfondissent la crise.

IL Y A UN GRAND VIDE EN IRAQ

Il y a actuellement un grand vide en Iraq. Avec l’événement de Kirkouk, ils vont profiter du vide créé par les mauvaises politiques des forces kurdes, ainsi que des relations qu’ils ont avec les sunnites d’Iraq et avec les Turkmènes pour pouvoir s’exprimer. Les forces du Sud ne comprennent pas correctement la « réalité » de la Turquie. Politiquement, ils sont effondrés au niveau mondiale et de la zone. Ils voient Erdogan comme un leader fort. Pour pouvoir s’ouvrir au monde, ils veulent tirer profit des turcs en créant une relation avec Erdogan. Et Erdogan en profite pour attaquer les terres du Kurdistan. Avant, il y avait pleins d’immeubles appartenant aux bases turques et au MIT. Dernièrement, il s’est lancé sur une offensive d’occupation dans le sud, dans les zones de défense, en commençant par Heftanin, en passant par Metina et Zap et en incluant Xakurkê et Bradost. Il fait ça en profitant de la faiblesse des Kurdes à cet endroit. Bien sûr, il réalise ça en se mettant en relations avec les sunnites.

Les sunnites, en s’allient avec DAESH, ont subit une nouvelle défaite avec ce dernier. Ils n’ont pas disparu complètement, mais ils se sont retrouvé dans une position difficile. Il reste toujours certaines forces qui représentent les sunnites. Ceux sont ceux de Turquie. Les turkmènes avec les sunnites kurdes et les sunnites arabes essaient de se constituer en tirant la Turquie dans cette zone. Lorsqu’on regarde comme ça, est-ce que cette politique prendra une finalité ? La situation future de la Turquie n’est pas certaine. Suite à cette dislocation les kurdes qui se sont reposés sur la Turquie vont se retrouver dans le vide. Les sunnites irakiens qui sont à la recherche du pouvoir vont tomber dans le vide. Ceci sera une nouvelle dislocation et cette nouvelle dislocation pourra être une nouvelle période de conflit. La Turquie, dans cette situation va se transformer en une structure dévastatrice, qui va attaquer autour d’elle, dont elle a le potentiel. Ou en une structure qui rétrécit. De toute façon, au lieu de se recroqueviller pour résoudre ses problèmes internes, la Turquie s’ouvre vers l’extérieur et attaque. Elle choisit d’attaquer pour propager le nationalisme. C’est comme ça qu’elle avance dans un chemin qui ne mène nul part. L’attaque à Efrin, dans les zones de défenses, à Til Ebyad, à Şengal sont la finalité de ça. Tant qu’elle aura la possible, cette politique sera mené. Si elle est sans arrêt en attaque vers les positions kurdes, c’est qu’elle est sur le point de s’écrouler. Arrivée à ce point, à chaque endroit où ces problèmes feront surfaces, la politique sunnite et kurde s’écroulera sur elle. Sa fin ressemblera à celle de l’empire ottoman. Il n’y a pas une fin plus dramatique que ça.

Pile au moment où ce risque d’effondrement a été vu, en 2019 devait avoir lieu des élections mais, Devlet Bahçeli a annoncé que la Turquie n’avait pas la force d’attendre et c’est pour cette raison qu’il devait avoir lieu des élections. Est-ce le fait de voir ce risque qui a fait prendre une telle décision ?

Face au chaos dans lequel se trouve la Turquie, ils essaient de stabilisé la situation avec des choses de l’actualité. Une nouvelle constitution a été crée, un régime de « seul homme » a été mis en place pour passer au système de présidence. Elle devait être performant dans la politique internationale et local mis elle a été bloquée. Pile à ce moment, de mettre les élections en actualité, n’est pas en lien avec le régime. Les associations ont été mises en place, les travaux avancent. Il n’y a pas d’opposition. Ce n’est pas dû à ça. Savez-vous quel est le problème ? Il a été vu que la crise mondiale et locale n’allait pas être dirigée par le pouvoir existant. Ils essayent de sauver le jour et mise à par l’approfondissement de la crise, ils ne font rien d’autre. Jusqu’à hier, ils disaient que que les élections ne faisaient pas partie de l’actualité. Mais deux jours après, ils se sont réunis et ont annoncé des élections pour dans deux mois.

En deux mois, l’électeur ne choisira pas pour qui voter. Aucun parti peut faire des préparatifs à ce sujet.

Les élections anticipées en Turquie sont les préparation d’une usurpation. Ça n’a aucun lien avec la pise en place d’un nouveau régime. Enlever le risque du détachement du pouvoir du régime qui perd son sang jusqu’aux prochaines élections. Attraper l’opposition dans un état non préparé et profiter du résultat de son alliance.

Quelque soit la décision d’élection, il s’agit de sauver la situation de manière légale ou illégal. S’il revient à la tête du pouvoir, que va-t-il se passer ? S’il continu sa politique, le problème est là. Il ne prendra pas une route vers la démocratisation, c’est inconcevable. C’est pour cette raison qu’il faut voir que la Turquie se trouve au milieu d’une grande crise.

Le rôle des Kurdes

Quand on observe le Moyen-Orient dans sa globalité, on y voit des crises et des pouvoirs problématiques. Cependant, les Kurdes se distinguent comme la force la plus organisée de la région et la plus fascinante, eu égard à leur lutte pour la démocratisation, la liberté des femmes, la justice et l’égalité. Quelle est la mission des Kurdes dans la région ?

Les Kurdes sont parmi les principaux acteurs, autant de la pérennisation et de l’escalade de la crise du Moyen-Orient, que de sa solution. Quand le printemps arabe a émergé pour la première fois, nous avons conjecturé qu’une crise allait se propager dans le Moyen-Orient pour finalement s’ancrer en Syrie, Turquie, Irak, Iran, c’est-à-dire dans la région du Kurdistan. La politique de négation et de division exercée à l’encontre des Kurdes et la résistance menée par ceux-ci depuis près de cent ans ont été des facteurs importants dans l’émergence de la crise. Mais la crise a conforté le rôle grandissant des Kurdes et leur combat pour leur existence. A cet égard, il faut reconnaître que les Kurdes sont un acteur déterminant, particulièrement depuis l’émergence du PKK [Parti des Travailleurs du Kurdistan, NdT]. La sortie de la crise au Moyen-Orient est indissociablement liée aux revendications des Kurdes pour leurs droits et libertés et, à côté de cela, à leurs propositions de solutions régionales pour répondre à des problèmes régionaux. Les pratiques des Kurdes en la matière ont d’ailleurs suscité beaucoup d’intérêt dans le monde entier. Le nouveau paradigme élaboré par le Leader Apo [Abdullah Ocalan, leader kurde, NdT] est très important en ce qu’il permet de comprendre les causes de la crise au Moyen-Orient, et livre les outils pour sortir de cette crise et construire un Moyen-Orient libre.

Le PKK a impulsé une série d’expériences qui sont de nature à apporter une solution à la crise régionale. C’est ainsi que nous sommes arrivés au point où nous sommes aujourd’hui. Durant le dernier siècle, on avait un Moyen-Orient reposant sur la négation des Kurdes. Ceci ne se résume pas à l’Iran, l’Irak et la Turquie. C’était voulu par le système mondial. La négation des Kurdes a été mise en œuvre à l’issue de la première guerre mondiale et affermie avec la seconde guerre mondiale.Les puissances maîtresses de la modernité capitaliste ont vu les Kurdes comme une carte pour maîtriser d’autres : que les Kurdes continuent à exister, mais que leurs droits soient limités. Elles se sont dit qu’avec les Kurdes, elles pourraient contenir les Perses, les Arabes et les Turcs. Il y a eu de nombreux soulèvements kurdes dans l’histoire. Mais ils n’ont pas permis aux Kurdes de s’affranchir du sort réservé à eux par les puissances internationales. Au contraire, ils y ont contribué. Inconsciemment, ils ont servi les intérêts du système international. Cependant, l’émergence du PKK et la vision du Leader ont changé le sort des Kurdes. Le PKK est apparu comme une situation nouvelle. Il a engendré de grands bouleversements dans la société. Il a généré des changements sociaux, une transformation des mentalités. Sa résistance a eu raison des préjugés. Il a fait mûrir la résolution de la question kurde au Moyen-Orient. Il est devenu l’une des forces les plus importantes du Moyen-Orient. Les forces qui mènent le jeu politique au Moyen-Orient ne peuvent pas agir sans prendre en compte le PKK. Cette position stratégique de la réalité kurde détermine les alliances et les oppositions. Par ailleurs, les Kurdes sont en position de jouer un rôle politique important dans la résolution de la crise au Moyen-Orient.

Quand on considère les contradictions de la modernité capitaliste au niveau mondial, les équilibres de forces qui résultent de ces contradictions, la réalité régionale de ces équilibres de forces, la polarisation des forces dans le contexte du Moyen-Orient, les contradictions internes à ces pôles et leurs confrontations, l’espace géographique dans lequel vivent les Kurdes, leur importance démographique, leur situation politique et leur organisation inspirée du paradigme du Leader, on voit que les Kurdes ne sont pas une force qui puisse être écartée purement et simplement. Le malheur des Kurdes réside dans les politiques inconstantes des puissances internationales. Celles-ci ne vont rien y gagner. Parce que c’est leur conception du pouvoir et de l’Etat qui a amené la crise au point où elle est aujourd’hui. Continuer à nier les Kurdes ne fait qu’aggraver davantage la crise. Il faut voir l’importance du facteur kurde dans la résolution de la crise. Ce n’est pas parce que certains ont voulu qu’il en soit ainsi, c’est le résultat de la lutte menée par les Kurdes. Dans ce cas, il faut voir la position stratégique des Kurdes dans le Moyen-Orient. La clé de la résolution, telle que proposée par le paradigme du Leader, est entre les mains des Kurdes. Ils peuvent transformer cela en une grande victoire. Mais il faut que les Kurdes se tiennent à l’écart des modèles de résolution qui ont échoué au fil de l’histoire. Le temps n’est plus aux Etats-nations. Le temps n’est plus aux nationalismes. Le monde ne sera pas viable s’il continue à se fonder sur les symboles du système d’Etat-nation. C’est pourquoi, les Kurdes ne peuvent résoudre la question kurde en s’appuyant sur les concepts de l’Etat-nation et du nationalisme. L’expérience au Sud [Sud-Kurdistan, Irak, NdT] en est l’une des meilleures illustrations. Comment qualifier cette couardise, cette inaptitude à administrer une partie de territoire délimitée par le système mondial après la chute du régime de Saddam Hussein ? Quand on cherche à construire un Kurdistan avec des résidus de politique dont même le capitalisme ne veut plus, on dégrade la position du Kurdistan. Aujourd’hui, il [le gouvernement régional du Kurdistan d’Irak, NdT] ne peut plus combattre Daesh, ni affronter le régime. Il ne peut pas protéger ses terres et ne peut même plus mener une petite guerre, il ne peut pas apporter une solution aux problèmes sociaux, il ne peut pas faire marcher le mécanisme de gouvernance. Il ne peut même pas gouverner. Il ne peut pas former un gouvernement. Il tente simplement de satisfaire ses besoins du moment, ses intérêts familiaux et personnels, dans l’esprit destructeur du capitalisme sauvage. Son dernier recours est de faire de la politique en s’appuyant sur l’hostilité de la Turquie à l’égard des Kurdes. Il cherche ainsi à perpétuer le sort qu’on a voulu imposer aux Kurdes.

A l’inverse, on peut donner l’exemple du modèle construit par les Kurdes au Rojava et au Bakûr [Nord-Kurdistan, Turquie, NdT]. La lutte menée au Bakûr et l’expérience du Rojava sont révélatrices de la position stratégique des Kurdes. La première a pour objectif de réaliser en Turquie le modèle égalitaire et libertaire préconisé par le Leader, dans lequel toutes les composantes de la société peuvent s’exprimer, par opposition au modèle d’Etat-nation. Le PKK lutte pour cela dans tous les domaines –militaire, politique, social, égalité femmes-hommes. Pour lui, aucun problème ne pourra être résolu en Turquie tant qu’on ne consacrera pas les libertés en tant que principes fondamentaux. Aujourd’hui, les démocrates de Turquie disent que les Kurdes représentent l’espoir. Ceux qui disent le contraire endossent le drapeau [turc, NdT] et vont chanter des chansons à Afrin. Mais les personnes qui sont en quête de liberté, les Alévis, les opprimés, les gens qui ont plus ou moins conscience de la question, savent le rôle joué par les Kurdes dans la lutte pour la démocratie.

Entre les forces qui cherchent à éliminer les YPG [Unités kurdes de protection du Peuple, NdT] au nom du concept de la Syrie libre et les Kurdes qui mettent en œuvre un modèle de résolution au nord de la Syrie, on peut se demander qui sont les vrais patriotes. Sûrement pas le régime, ni l’Iran, ni la Russie. Les vrais patriotes de la Syrie sont les Kurdes, parce qu’ils sont pour l’unité et l’intégrité de la Syrie, parce qu’ils reconnaissent la légitimité de tous les groupes sociaux. Ils reconnaissent les droits et libertés de tous, quelle que soit leur appartenance ethnique. Leur approche est fondée sur l’union, la coexistence, l’égalité, la démocratie, la liberté des femmes. Ils ne disent pas que, parce qu’ils mènent la lutte, ils ont tous les droits. Ils disent au contraire que ceux qui ne sont pas aussi forts qu’eux doivent avoir plus de droits. Le modèle du Rojava est le seul qui puisse apporter une solution, non seulement pour le peuple, mais aussi pour le régime du futur. Si on transpose ce modèle aux quatre parties du Kurdistan, on peut percevoir son importance stratégique dans la politique régionale et mondiale.