L'armée turque a utilisé des armes chimiques au moins 323 fois au cours des six derniers mois, au Kurdistan. 38 guérilleros ont perdu la vie.

L’armée turque a utilisé des armes chimiques au moins 323 fois au cours des six derniers mois, au Sud-Kurdistan. Durant cette période, 38 guérilleros ont perdu la vie à la suite d’attaques chimiques.

Une cinquantaine d’organisations et de partis politiques kurdes en Europe, dont les représentations de l’Union patriotique du Kurdistan (UPK) et du Gorran, ainsi que le Congrès des communautés démocratiques du Kurdistan en Europe (KCDK-E) et le Mouvement des Femmes kurdes en Europe (TJK-E), ont cosigné une lettre adressée au Bureau des affaires de désarmement de l’ONU (UNODA) et à l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC). Les signataires demandent que des mesures soient prises contre l’utilisation par l’État turc d’armes chimiques dans sa guerre actuelle contre les forces de la guérilla kurde dans le sud du Kurdistan (nord de l’Irak).

Nous partageons ci-dessous le contenu intégral de cette lettre :

« Depuis avril 2021, nous assistons à des interventions militaires incessantes de l’État turc à l’intérieur des frontières de l’Irak, dans la zone sous la juridiction du gouvernement régional du Kurdistan. Ces interventions, qui peuvent être définies comme une occupation au regard du droit international, entraînent de très graves violations des droits humains.

Parmi ces violations graves, figure l’utilisation d’armes prohibées. Néanmoins, il n’est pas possible d’obtenir des informations suffisantes du fait de l’interdiction faite aux délégations civiles et indépendantes d’accéder aux zones de conflit, ce qui suscite de graves inquiétudes. 

Dans ces conditions, les informations qui parviennent au public proviennent uniquement des forces de guérilla qui sont confrontées à l’emploi des armes prohibées.

Les informations disponibles à ce jour font état de l’utilisation d’armes chimiques à au moins 323 reprises au cours des six derniers mois, entre le 23 avril (date de l’escalade du conflit) et le 23 octobre 2021. Au cours de cette période, 38 guérilleros ont perdu la vie à la suite d’attaques chimiques.

Trois guérilleros ayant survécu à une attaque dans la zone connue sous le nom de Girê Sor, le 3 septembre 2021, ont donné des informations concrètes sur l’odeur, le goût et les effets du gaz. Ils ont également fait part de leurs observations sur l’état des corps des guérilleros qui ont perdu la vie. Ces données concrètes nous convainquent que cette question devrait faire l’objet d’investigations sérieuses.

Toujours selon les informations reçues, des habitants (civils) de la région de Behdinan, qui a été transformée en zone de conflit, ont également été emmenées dans différents hôpitaux parce qu’ils avaient été affectées par les armes chimiques. Cependant, les habitants de la région sont réticents à donner des informations, craignant la répression.

Il est également possible de voir dans les conclusions des instances judiciaires internationales que l’État turc a utilisé une violence brutale et s’est livré à des massacres contre les civils dans sa guerre contre le peuple kurde. Les institutions européennes ont également confirmé l’utilisation fréquente d’armes prohibées par l’armée turque. Au cours des cinq dernières années en particulier, nous avons vu que l’État turc a utilisé toutes sortes d’armes interdites dans le cadre de sa guerre de destruction et de nettoyage ethnique contre le peuple kurde.

Le peuple kurde, qui est devenu la cible de l’État turc, sait très bien que le régime turc utilise des armes chimiques et ne respecte aucune loi ni aucun traité. Cependant, il est frappant que les puissances internationales et les institutions qui se disent indépendantes restent silencieuses face à ces attaques illégales et inhumaines.

Nous savons que vous, l’OIAC, êtes l’institution la plus à même de prendre des mesures urgentes concernant l’utilisation des armes chimiques. Dans le silence de la communauté internationale, votre attitude nous touche le plus. Votre raison d’être n’est-elle pas d’empêcher l’utilisation de ces armes interdites ? Alors pourquoi ne pas agir contre les attaques chimiques de l’État turc contre le peuple kurde, dont vous avez connaissance ?

Le peuple kurde attend de vous une déclaration sérieuse contre l’État turc. Il attend de vous une prise de position publique et des initiatives concernant ces attaques aux armes chimiques. Tant que vous gardez le silence, vous donnez l’impression que ces attaques sont approuvées.

Nous, soussignés, partis et institutions du Kurdistan en Europe, partageons ces préoccupations de notre peuple et attendons votre réponse. Plus important encore, nous exigeons que vous preniez des mesures immédiates pour prévenir les attaques chimiques, ce qui est votre premier devoir. »

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