Un rapport établi par plusieurs organisations de défense des droits humains fait état de violations graves à Van
La Mairie de Van encerclée par la police après son placement sous tutelle de l'État le 15 février

Un rapport établi par plusieurs organisations de défense des droits humains fait état de violations graves commises par les autorités turques lors des récentes manifestations organisées dans la ville kurde de Van pour protester contre la mise sous tutelle de la mairie.

Les sections locales de l’Association des avocats pour la liberté (ÖHD), de l’Association des droits de l’homme (İHD) et de la Fondation des droits de l’homme de Turquie (TİHV), ainsi que le barreau des avocats de Van ont publié un rapport sur la torture policière, les violations des droits et les arrestations lors des manifestations déclenchées par la nomination d’un administrateur à la tête de la municipalité métropolitaine de Van. Des représentants de nombreuses organisations de la société civile et de partis politiques ont assisté à la conférence de presse qui s’est tenue dans la salle de conférence Tahir Elçi du Barreau de Van.

Hatice İslamoğlu, coprésidente du Centre des droits de l’homme de l’Association du barreau de Van, a lu la déclaration à la presse : « Le 15 février 2025, le ministère de l’Intérieur a nommé un administrateur à la municipalité métropolitaine de Van dans la matinée, après quoi les forces de l’ordre sont intervenues violemment pour disperser les citoyens qui protestaient pacifiquement depuis quatre jours dans le cadre de la liberté de réunion et de manifestation, qui constitue le fondement d’une société démocratique avec la liberté d’expression, et est garantie par la Constitution et les conventions internationales auxquelles la Turquie est partie. »

Et la juriste de poursuivre: « Des violations graves et sérieuses des droits de l’homme, en particulier la torture et d’autres formes de mauvais traitements, ont été constatées. Les interventions et les obstructions arbitraires des forces de l’ordre contre l’exercice des droits et libertés fondamentaux et les violations des droits qui en découlent se sont poursuivies du 15 février 2025 à ce jour. En raison de l’usage disproportionné de la force par les forces de sécurité à l’intérieur et à l’extérieur du bâtiment municipal et dans les zones où des manifestations pacifiques ont eu lieu sans aucun avertissement de dispersion, de nombreux citoyens ont été soumis à la torture et à des actes de mauvais traitements tels que des violences physiques, des injures, des menottages dans le dos, etc. Au moins 55 citoyens ont été blessés à différents endroits du corps, y compris à la tête et à la poitrine, par des tirs ciblés de balles en plastique et de gaz poivré. Au moins 20 de ces blessures étaient des fractures osseuses. 

Les citoyens détenus le 15 février n’ont pas été autorisés à voir leurs avocats malgré leurs demandes. Certains d’entre eux ont été menacés d’être maintenus en détention s’ils contactaient leurs avocats. 

70 mineurs figurent parmi les personnes arrêtées et 5 parmi les 44 personnes placées en détention. 76 personnes ont été libérées sous contrôle judiciaire. 

Le bâtiment de la municipalité métropolitaine de Van et le bâtiment provincial du parti DEM à Van ont été assiégés, et les élus municipaux, les dirigeants du parti, les députés et les citoyens ont été aspergés de gaz lacrymogène, d’eau sous pression et visées par des tirs de balles en caoutchouc.

De même, les députés et les élus locaux qui participaient aux manifestations dans la ville ont été bloqués par les forces de l’ordre qui ont tenté de les séparer des autres manifestants. Là encore, les forces de l’ordre ont eu recours à des actes de violence contre des élus ; des co-maires, des députés et d’autres élus ont été blessés à divers endroits du corps. Les forces de l’ordre ont perturbé des manifestations pacifiques à différents endroits de la ville sans aucun avertissement, les rues et les avenues ont été rendues inutilisables, la vie professionnelle dans la ville a été affectée, les commerçants du centre-ville ont dû fermer leurs magasins et la vie commerciale a été perturbée. Au cours de ces événements, les forces de sécurité ont empêché les journalistes de couvrir les incidents et six journalistes ont été placés en garde à vue. 

Au cours de ce processus, la liberté d’expression, le droit de manifester, la sécurité et la liberté individuelles, ainsi que l’interdiction de la torture et des mauvais traitements ont été violés. L’accès à un avocat et le droit à un procès équitable ont été refusés et une pratique illégale a été mise en œuvre. Nous déclarons que nous nous opposerons aux violations des droits et à l’illégalité constatées dans ce processus et que nous demanderons à toutes les autorités compétentes que les procédures judiciaires nécessaires soient engagées contre les responsables. Nous demandons la cessation immédiate des violations des droits humains par l’État. »

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