La présidente de l’Union des Médecins de Turquie (TTB), Şebnem Korur Fincanci, a été placée en garde à vue à Istanbul ce mercredi matin, quelques jours après avoir demandé une enquête sur l’utilisation d’armes chimiques par l’armée turque.
Depuis ses déclarations concernant l’utilisation d’armes chimiques par la Turquie contre les combattants des Forces de Défense du Peuple (HPG, branche armée du PKK), Mme Fincanci faisait l’objet d’une campagne de lynchage, notamment de la part du président turc Recep Tayyip Erdogan.
Une enquête avait été ouverte à l’encontre de la présidente de la TTB par le parquet d’Ankara, pour « propagande en faveur d’une organisation terroriste » et « dénigrement public de la nation turque ». Le parquet avait indiqué par ailleurs avoir engagé une procédure visant la destitution de Sebnem Korur Fincanci de la présidence de la TTB.
Après avoir appris l’enquête menée contre elle, la professeure Fincancı avait déclaré : « J’ai dit qu’une enquête efficace devrait être menée au sujet des allégations d’utilisation de produits chimiques. J’ai déclaré que, s’il y avait des morts, il était nécessaire de mener une enquête médicale conformément au Protocole du Minnesota et qu’il était obligatoire que l’enquête soit menée par des institutions indépendantes, car cela est considéré comme un crime de guerre dans le cadre de la Convention de Genève… Ouvrir une enquête à l’encontre d’une personne qui réclame une enquête donne l’impression de dissimuler un crime… Cette enquête est destinée à intimider toute la société. »
« Nous n’acceptons en aucun cas l’attitude envers notre professeure Dr Sebnem Korur Fincaci, placée en garde à vue aujourd’hui, après une vaste campagne de lynchage. Nous continuerons notre combat en défendant notre professeur et notre organisation ! », a indiqué depuis Twitter l’Union des médecins de Turquie.
De son coté, la Fondation des droits de l’Homme de Turquie a également réagi à l’arrestation de Mme Fincanci: « La professeure Dr Şebnem Korur Fincancı, présidente de la TTB et membre du conseil d’administration de notre Fondation, a été arrêtée d’une manière inacceptable. Elle doit immédiatement être libérée. »
Plusieurs dizaines d’organisations de la société civile ont réagi en condamnant fermement l’arrestation de Mme Fincanci qui a été emmenée à Ankara à la demande du Parquet.