Au 31 janvier 2023, la Turquie comptait 348 265 détenus dans ses prisons, se plaçant ainsi au premier rang des pays membres du Conseil de l’Europe en termes de population carcérale.
Selon les données récentes publiées par l’Association de la société civile dans le système pénitentiaire (CİSST), 350 670 personnes sont actuellement détenues dans les 403 prisons du pays, dont la capacité totale est de 295 328 places. Ce dépassement de capacité de 18,74 % aggrave des conditions déjà difficiles pour les détenus.
Droits fondamentaux suspendus
L’avocat Ferdi Yamar, membre de l’Association des avocats pour la liberté (ÖHD), a déclaré dans une interview à ANF que les prisons turques deviennent de plus en plus invivables. Il souligne que dans un contexte où les droits et libertés fondamentaux sont suspendus, les conditions de vie en détention sont devenues extrêmement difficiles. Les besoins de base, tels que l’accès aux livres, aux journaux et aux magazines, sont de plus en plus restreints, malgré des décisions antérieures de la Cour constitutionnelle turque qui garantissaient ces droits.
Les juges et les entrepreneurs en compétition
L’avocat Yamar a également souligné la construction rapide de nouvelles prisons en Turquie, qui semble être en compétition avec le rythme des arrestations et des détentions. Il note que de nombreuses nouvelles prisons, ouvertes récemment, sont déjà surpeuplées, et que les transferts de détenus entre établissements sont fréquents. « Les juges des tribunaux pénaux de paix et les entrepreneurs construisant des prisons semblent être en compétition », a-t-il déclaré.
Des conditions de détention alarmantes
La surpopulation carcérale exacerbe les conditions de vie difficiles pour les détenus. Ferdi Yamar a souligné que dans de nombreuses prisons, des lits supplémentaires sont installés dans les espaces communs et que certains détenus sont contraints de dormir par terre. Dans certains cas, les détenus doivent partager leur lit de manière rotative, avec un détenu dormant la nuit et un autre le jour. Cette surpopulation entraîne une augmentation des problèmes d’hygiène, de nutrition et de propagation des maladies infectieuses.
Selon Yamar, la situation actuelle en Turquie, marquée par des enquêtes et des poursuites prolongées et injustes, montre clairement que les arrestations arbitraires sont devenues une politique d’État. « Nous pouvons affirmer sans équivoque que ces détentions arbitraires sont désormais une politique d’État », a-t-il conclu.