Dans un récent discours, Tuncer Bakirhan, co-président du DEM, a exhorté le gouvernement turc à lever l’isolement d’Abdullah Öcalan. De son côté, Murat Karayilan, membre du comité exécutif du PKK, a fait entendre que le mouvement kurde ne pouvait envisager un nouveau processus de pourparlers dans un contexte de guerre anti-kurde et d’isolement d’Öcalan.
Dans les récents débats politiques en Turquie, la question de l’isolement carcéral du leader kurde Abdullah Öcalan a émergé comme un point central parmi d’apparents appels à des négociations et à des réformes. Tuncer Bakirhan, co-président du parti de la Démocratie et de l’Égalité des Peuples (DEM), a exhorté le gouvernement à lever l’isolement imposé à Öcalan. Ce dernier ainsi que ses trois codétenus de la prison insulaire d’Imrali sont privés de toute communication avec l’extérieur depuis 43 mois.
Les déclarations de Bakirhan viennent en réponse à celles de Devlet Bahçeli, le chef du mouvement ultra-nationaliste turc MHP, qui a appelé Öcalan à « démanteler son organisation ». Lors d’une récente réunion de son groupe parlementaire, Bahçeli a déclaré : « Personne ne doit s’attendre à ce que l’État négocie avec le terrorisme », reflétant ainsi la position de longue date du gouvernement contre toute forme de dialogue avec le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK).
Abdullah Öcalan est empêché de rencontrer ses avocats et sa famille depuis 43 mois, a déclaré M. Bakirhan. « Nous sommes curieux de savoir comment Öcalan répondrait à un tel appel, et nous demandons aux autorités d’ouvrir les portes d’Imrali pour que nous puissions l’entendre. »
« Un véritable dialogue exige d’écouter toutes les voix, y compris celles du peuple kurde », a ajouté Bakirhan, soulignant que la situation actuelle, marquée par une crise économique et des troubles sociaux, appelle à une action immédiate pour favoriser le dialogue et la réconciliation.
Murat Karayilan, membre du comité exécutif du PKK, s’est également exprimé sur le climat politique actuel, suggérant que la coalition islamo-nationaliste (AKP-MHP) au pouvoir en Turquie était lourdement impactée par l’échec de ses politiques. « Ils continuent de tuer des Kurdes tous les jours, il y a une guerre, il y a un isolement du leader Apo », a-t-il souligné. Le dirigeant kurde a mis en garde contre les surinterprétations, laissant entendre qu’un processus de paix n’était pas envisageable dans les conditions actuelles.
Karayilan a affirmé en outre que le président turc Recep Tayyip Erdoğan cherchait à manipuler l’opposition, en essayant d’imposer son propre agenda tout en créant la confusion. « La rhétorique de l’opposition autour de la normalisation et certaines approches dans cette veine fournissent un terrain propice à cela », a-t-il expliqué. Il a insisté sur le fait que le pouvoir en place est acculé et qu’il cherche désespérément à échapper à cette pression, exhortant l’opposition à ne pas tomber dans les pièges du gouvernement. « C’est un jeu », a-t-il averti.
De son côté, Bakirhan a déploré la perte d’espoir au sein de la population, appelant à l’unité de tous les citoyens, quelle que soit leur appartenance ethnique ou confessionnelle, pour lutter contre les problèmes systémiques qui affligent le pays.
Alors que les discussions sur les réformes constitutionnelles prennent de l’ampleur, Bakirhan et Karayilan se montrent tous deux prudents. Ils suggèrent que tout changement doit véritablement refléter les voix de toutes les communautés et ne pas être simplement des mesures cosmétiques visant à apaiser l’opposition.
Bakirhan a critiqué l’insistance de Bahçeli à maintenir une ligne dure et son rejet de tout dialogue avec le PKK: « La paix réelle ne peut exister avec l’oppression. L’État doit embrasser tous ses citoyens, et pas seulement une poignée d’entre eux », a-t-il affirmé.
« Il s’agit de notre pays, et chacun doit comprendre que nous sommes les véritables propriétaires de cette terre. Nous devons nous battre pour un avenir où règnent la justice et la démocratie », a conclu le coprésident du DEM.