Le colonel Ryan Dillon à Washington le 13 juillet 2017-AFP/Archives / Thomas WATKINS

La coalition antijihadiste dirigée par Washington a mené un raid aérien pour empêcher un convoi de combattants du groupe Etat islamique (EI) évacués du Liban d’atteindre l’est syrien frontalier de l’Irak, a affirmé mercredi son porte-parole à l’AFP.

« Pour empêcher le convoi de se diriger plus à l’est, nous avons créé un cratère et détruit un petit pont », a affirmé le colonel Ryan Dillon, évoquant une « frappe aérienne mercredi », sans préciser la zone géographique où le raid a été mené.

Quelque centaines de combattants de l’EI ont été chassés ce weekend de la frontière libano-syrienne à la suite d’un accord qui devait leur permettre d’être évacués par bus vers la ville de Boukamal située dans Deir Ezzor, dernière province syrienne aux mains des jihadistes et frontalière de l’Irak.

L’accord a été négocié entre l’EI et le Hezbollah libanais –bête noire des Etats-Unis qui le classe comme « organisation terroriste » tout comme l’EI.

Mais la frappe de la coalition a bloqué le convoi aux portes de Deir Ezzor, près de 48 heures après leur départ de la zone frontalière.

« L’EI est une menace mondiale; déplacer des terroristes d’un endroit à un autre (…) n’est pas une solution durable », a affirmé le colonel Dillon.

Interrogé sur la présence des familles des combattants à bord des bus, il a affirmé que la coalition « savait qu’il y avait des civils ». « Nous prenons cela en considération (…) si nous parvenons à les (jihadistes) frapper sans toucher aux civils, nous le ferons », a souligné le porte-parole.

« Califat chancelant »

« La coalition surveille le mouvement du convoi en temps réel. En accord avec les lois régissant les conflits armés, la coalition agira contre l’EI au moment et dans le lieu où elle le pourra », a-t-il poursuivi.

L’accord sur l’évacuation des jihadistes du Liban a provoqué l’indignation en Irak et des critiques de la part des Américains.

Le Premier ministre irakien Haider al-Abadi s’est ainsi dit mardi « très inquiet » de la présence « inacceptable » de jihadistes à la frontière de son pays.

Et mercredi, l’émissaire du président américain auprès de la coalition anti-EI, Brett McGurk, a critiqué l’accord.

« Les terroristes de l’EI doivent être tués sur le champ de bataille et non pas être (évacués) à bord de bus à travers la Syrie jusqu’à la frontière irakienne, sans le consentement de l’Irak », a-t-il tweeté.

« Notre coalition fera en sorte que ces terroristes ne puissent jamais entrer en Irak ou s’échapper de ce qui reste de leur ‘califat’ chancelant », a-t-il encore ajouté.

Il faisait référence au « califat » autoproclamé par l’EI en 2014 sur les territoires qu’il a conquis en Irak et en Syrie et où il a fait régner la terreur avant qu’il ne soit visé par une série d’offensives qui l’ont chassé de plusieurs de ses fiefs.

L’EI s’était également implanté des deux côtés de la frontière libano-syrienne, avant d’en être chassé ce weekend à la suite d’une semaine de combats contre l’armée libanaise d’une part et le Hezbollah et l’armée syrienne de l’autre.

Le président libanais et le chef de l’armée se sont félicités mercredi de la « victoire » remportée contre l’EI.

Mais l’accord d’évacuation est également très controversé au Liban, où beaucoup ont exprimé leur indignation de voir les jihadistes de l’EI partir à bord de « bus climatisés » alors qu’ils sont soupçonnés d’avoir exécuté huit soldats libanais kidnappés par l’organisation en 2014.

Les restes présumés de ces soldats ont été retrouvés le weekend dernier dans la zone de combats entre l’armée et l’EI.

« J’ai entendu beaucoup demander ‘pourquoi l’armée n’a pas continué la bataille’ (…) mais j’avais des responsabilités à assumer », a affirmé le chef de l’armée libanaise Joseph Aoun. Il se référait à l’un des objectifs de la bataille, qui était justement de retrouver les restes des soldats.

La guerre qui ravage la Syrie voisine a débordé sur le Liban, où l’EI a revendiqué plusieurs attaques meurtrières, combattu l’armée et le Hezbollah et pris pied en 2014 dans les régions montagneuses de l’est.

Son éviction du Liban est une des dernière défaites en date de l’organisation jihadiste, auteur également de plusieurs attentats en Europe.

Source : AFP

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