"Aucune circonstance exceptionnelle ne peut justifier la torture", déclarent des associations de défense des droits humains en Turquie
Image des ravages causés par le séisme dans un quartier de la ville de Maras

« Aucune circonstance exceptionnelle ne peut justifier la torture », déclarent dans un communiqué conjoint l’Association médicale turque, l’Association des Droits de l’Homme et la Fondation des Droits de l’Homme de Turquie.

« Qu’il s’agisse d’un état de guerre ou d’une menace de guerre, d’une instabilité politique interne ou de toute autre urgence publique, aucune circonstance exceptionnelle ne peut être invoquée pour justifier la torture », déclarent dans un communiqué conjoint plusieurs organisations de défense de droits humains de Turquie, faisant référence aux effets pernicieux de l’état d’urgence instauré par le gouvernement turc dans 10 provinces touchées par les récents séismes.

Le bilan meurtrier des tremblements de terre qui ont frappé le 6 février 2023 une dizaine de provinces majoritairement kurdes du sud de la Turquie ainsi que le nord de la Syrie s’aggrave de jour en jour. Selon les données officielles, dans les 11 provinces touchées (Adana, Adıyaman, Antep, Diyarbakır, Elazığ, Hatay, Kilis, Malatya, Maraş, Osmaniye et Urfa), on dénombre actuellement au moins 36 000 morts et 105 000 blessés, un bilan encore provisoire qui devrait malheureusement décupler dans les jours à venir.

Déclarant compatir à la douleur des populations sinistrées, la commission des droits humains de l’Association médicale turque, l’Association des Droits de l’Homme (IHD) et la Fondation des Droits de l’Homme de Turquie (TIHV) pointent les graves problèmes rencontrés dans les opérations de recherche et de sauvetage, les défaillances des services de santé et d’aide aux survivants et le manque de coordination des services publics. « Nous avons attiré l’attention sur les violations des droits humains. Nous avons particulièrement souligné que la lourde douleur et la destruction causées par le tremblement de terre ne peuvent être surmontées qu’en défendant les principes et les valeurs des droits humains et en augmentant la solidarité sociale », poursuit le communiqué.

Et de souligner l’impact majeur du facteur humain sur les destructions causées par les tremblements de terre, compte tenu notamment du défaut d’application en amont des normes de prévention des catastrophes sismiques et des négligences et de la corruption avant et après le séisme.  « Ainsi, ajoute le communiqué, les conséquences du tremblement de terre sont liées à de graves violations des droits humains. Par conséquent, la perspective des droits humains devrait guider non seulement le pouvoir politique mais aussi la société dans la gestion de tous les problèmes causés par le tremblement de terre. »

Concernant plus particulièrement les violations des droits humains signalées dans les zones sinistrées, les auteurs du communiqué déclarent : « Nous avons observé avec horreur certaines images de violence et de torture partagées sur les médias sociaux, qui demandent à être confirmées. Nous constatons avec une grande inquiétude que les mesures de sécurité et la rhétorique bâclée de la criminalisation se transforment rapidement en discrimination, en discours de haine et en violence, voire en actes de torture. Ces évolutions compromettent directement ce dont nous avons le plus besoin aujourd’hui : la solidarité sociale, seul moyen de panser les plaies. Malgré tous les discours ostentatoires et emphatiques, le retard pris dans le travail de soutien et de secours en raison des carences des pouvoirs publics a conduit à une aggravation du bilan meurtrier et suscité une colère légitime au sein de la société. Les crimes de haine contre les réfugiés, qui sont aussi des victimes du tremblement de terre, les accusations de pillage et les mauvais traitements et actes de torture infligée à des personnes accusées sans aucune preuve ne sont pas admissibles. »

Les organisations de défense des droits humains appellent par conséquent les autorités à respecter les obligations internationales découlant notamment de la convention des Nations unies contre la torture (UNCAT). « Les autorités doivent abandonner les discours qui encouragent la torture, condamner sans équivoque les mauvais traitements et punir leurs auteurs. »

En conclusion, le communiqué appelle à la levée immédiate de l’état d’urgence mis en place dans les régions sinistrées.

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