Des centaines de milliers de personnes ont été forcées de quitter leur foyer, au Rojava, à cause de l’invasion du nord-est de la Syrie par l’armée turque. Plus de 160.000 se trouvent aujourd’hui dans les seules provinces de Hassakê et Raqqa.
Le Conseil des Affaires sociales de l’Administration autonome du Nord et de l’Est de la Syrie (AANES) a publié fin octobre des données précises sur le nombre, la provenance et la situation actuelle des personnes déplacées à l’intérieur de la région.
D’après ces données, 63.191 personnes déplacées de Serêkaniyê (Ras al-Aïn) se trouvent aujourd’hui dans la région de Cizîr, principalement à Hassakê (36.722) et dans la région de Tall Tamr (25.234).
Toujours dans la province de Cizîr, 8.000 personnes ont été contraintes de quitter les villages de la périphérie d’Amûdê pour s’installer dans des campements situés au sud de la ville.
11.630 autres personnes déplacées dans la région sont originaires de Dirbêsiyê (Al-Darbasiyah). Elles ont migré vers le sud, jusqu’à Hassakê.
D’autres mouvements de populations, moindres ceux-ci, sont recensés des villes frontalières de Dêrîk (Al-Malikiyah) vers le sud et notamment vers Til Koçer (7.365) et de Qamishlo vers le sud de la ville (6.635).
Ainsi, fin octobre, Hassakê, plus grande ville de la région de Cizîr, accueillait 113.659 déplacé.e.s.
Plus à l’ouest, dans la région de Firat, les populations contraintes de fuir Girê Spî (Tall Abyad), Aïn Issa et Siluk se sont dirigées principalement vers la région de Raqqa qui héberge aujourd’hui pas moins de 52.200 réfugiés internes.
Des centaines de milliers de Kurdes, d’Arabes, d’Arméniens, d’Assyriens, de Turkmènes et de Tchétchènes déplacés par l’invasion militaire turque ont été dépossédés de leurs maisons pillées et occupées par les groupes djihadistes alliés de la Turquie.
Silva Mehmûd Mislim, qui a été forcée de quitter Serêkaniyê à cause des attaques de l’armée turque, vit avec 6 autres familles, dans une maison sans porte, ni fenêtres, dans le village de Til Nisrî, à Tall Tamr : « Les Turcs occupaient notre maison. Nous voulons que la Turquie quitte nos maisons. Nous devons trouver une solution qui nous permette de rentrer chez nous. »
Evîn Mistefa Bozan, une autre déplacée de Serêkaniyê dit : « Comment pouvons-nous revenir en arrière alors que les mercenaires et les Turcs sont là ? » Et d’ajouter : « Nous ne faisons confiance à aucune autre force que les YPG (Unités de Protection du Peuple). Nous voulons rentrer chez nous et vivre comme avant. »
Meryem Elî, une femme arabe, a dû quitter le village de Souda, entre Tall Tamr et Serêkaniyê. Elle et sa famille partagent une maison en ruine avec 3 autres familles. « Des mercenaires de l’armée syrienne libre sont venus et nous ont fait sortir de chez nous par la force, dit-elle. Nous n’avons rien pu prendre, à part les vêtements que nous portions. Maintenant, nous avons besoin de tout. Nous voulons rentrer chez nous. »
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