Un rapport révèle que les forces de sécurité turques ont commis 122 attaques contre des cimetières kurdes entre 2015 et 2020.
Deniz Arbet Nejbir, juriste et chercheur associé au John Hopkins School of Advanced International Studies, a rédigé un rapport intitulé « La destruction des tombes kurdes par la Turquie », publié par l’Observatoire de la justice de Mésopotamie (MOJUST) et l’Association des avocats pour la liberté (ÖHD) basée en Turquie. Le rapport fournit un récit sans précédent des actes de destruction de la Turquie dirigés contre les cimetières kurdes dans le sud-est de la Turquie (nord du Kurdistan) de 2015 à fin 2020.
Les actes systématiques de destruction par les forces de sécurité turques de cimetières et de pierres tombales kurdes dans 11 provinces du sud-est de la Turquie représentent une des méthodes de répression moderne du Parti de la justice et du Développement (AKP) qui a renforcé la politique d’anéantissement des Kurdes en Turquie. Le Parti démocratique des peuples (HDP) a dénoncé ces attaques à plusieurs reprises au sein du parlement.
L’importance du rapport
Ce rapport est unique pour trois raisons importantes. Premièrement, il consolide les informations rapportées par les médias nationaux et internationaux ainsi que par les associations de défense des droits humains en Turquie concernant la nature et la forme des attaques de l’État turc contre les tombes et les cimetières kurdes. Deuxièmement, il montre les tentatives du HDP visant à engager la responsabilité pénale de l’exécutif devant le Parlement.
Enfin, il présente une étude rigoureuse fondée sur des méthodes empiriques utilisées à la fois par MOJUST et l’ÖHD pour aider les victimes de ces attaques dans leur quête de justice, ceci afin de briser la politique traditionnelle et systématique d’impunité pour les auteurs de ce type de délit. Pour fournir un contexte politique à ces actes de destruction par l’État turc, la première partie du rapport donne également un bref aperçu de la politique de répression mise en œuvre par la Turquie à l’encontre des Kurdes de 1923 à aujourd’hui.
Les attaques contre les cimetières kurdes entre le 17 septembre 2015 et le 4 avril 2020
Selon le rapport, les forces de sécurité turques ont commis 122 attaques contre des cimetières kurdes entre le 17 septembre 2015 et le 4 avril 2020. À la suite de ces actes continus de destruction de cimetières et de pierres tombales, au moins 1 644 tombes ont été complètement détruites et 2 926 tombes ont été vandalisées.
Les forces de sécurité turques ont complètement détruit 18 cimetières abritant les tombes de militants du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) tombés au combat, dans 11 provinces du sud-est de la Turquie (nord du Kurdistan).
Parallèlement à ces attaques, les forces de sécurité ont vandalisé – de manière systématique et généralisée – les tombes des membres du PKK dans les cimetières publics de toutes les provinces de la région kurde depuis 2015.
Pour ne donner qu’un exemple, 900 tombes ont été détruites et 1 475 profanées dans la seule province de Sirnak.