Dans un communiqué publié le 3 janvier, au 57ème jour de la grève de la faim menée par Leyla Güven dans la prison de Diyarbakir, le Parti Démocratique des Peuples (HDP) invite des observateurs internationaux à assister à la prochaine audience du procès de la Députée kurde prévue le 25 janvier, à Diyarbakir.
L’appel signé par Hişyar Özsoy, Député et Vice-président du HDP, indique que Mme Leyla Güven est détenue depuis près d’un an dans la prison de Diyarbakir et que le 25 janvier, aura lieu la 5ème audience de son procès devant le 9ème Tribunal spécial de Diyarbakir.
Leyla Güven avait été élue sur la liste du HDP aux élections législatives du 24 juin 2018. Quelques jours après cette élection, les avocats de la Députée avaient obtenu du Tribunal de Diyarbakir sa mise en liberté, en application des règles procédurales relatives à l’immunité parlementaire. Cependant, le jour même, les juges étaient revenus sur leur décision, donnant droit au parquet de Diyarbakir qui avait objecté un risque de fuite.
Dénonçant « les nombreuses violations » des règles procédurales dans cette affaire, ainsi que les pouvoirs exorbitants octroyés au parquet dans le cadre du régime d’état d’urgence en Turquie, Hisyar Özsoy souligne que le maintien en détention de la Députée est dépourvu de base légale et résulte uniquement d’une décision gouvernementale.
Rappelant que Mme Güven est en grève de la faim depuis le 7 novembre pour protester contre le régime d’isolement imposé au leader kurde Abdullah Öcalan sur l’île-prison d’Imrali, le Vice-président du HDP note que le mouvement initié par Leyla Güven s’est étendu depuis à d’autres prisons et ajoute qu’il devrait encore s’élargir dans les jours à venir.
« Nous vous invitons à assister à la prochaine audience du procès de Mme Güven afin d’alerter l’opinion publique sur son caractère illégal et antidémocratique. Nous appelons plus particulièrement les organisations féministes internationales à assister à cette audience pour témoigner de l’instrumentalisation de la justice contre une Parlementaire et faire entendre la voix d’une femme qui a consacré sa vie à la lutte pour la liberté, l’égalité et la justice », conclut M. Ozsoy.
Leyla Güven a été arrêtée le 22 janvier 2018, pour avoir critiqué l’opération d’invasion que la Turquie avait lancée deux jours plus tôt contre la ville kurde d’Afrin au nord de la Syrie. Elle était alors Coprésidente du Congrès pour une Société démocratique (DTK, plateforme regroupant des partis politiques et des organisations de la société civile kurde).
Le 7 novembre 2018, Leyla Güven a annoncé entamer une grève de la faim illimitée afin de dénoncer le régime d’isolement imposé au leader kurde Abdullah Öcalan détenu sur l’île-prison d’Imrali et privé de toute communication avec l’extérieur depuis septembre 2016. Son action a suscité un grand mouvement de solidarité partout au Kurdistan, en Turquie et dans la diaspora kurde. Aujourd’hui, une centaine de prisonniers politiques, ainsi que des militants kurdes participent au mouvement initié par Leyla Güven. Selon le HDP, ce mouvement devrait encore s’amplifier à partir du 5 janvier.
Le 3 janvier, l’association du barreau de Diyarbakir a signalé que l’état de santé de Leyla Guven s’était considérablement dégradé, au point qu’elle n’avait pas pu sortir de sa cellule pour rencontrer une délégation de l’association venue lui rendre visite le 30 décembre.
Le Président de l’association, Cihan Aydin, a déclaré que, selon les témoignages recueillis par la délégation auprès d’autres prisonniers détenus dans le même quartier, la Députée avait perdu beaucoup de poids, souffrait de maux de tête et de vertiges, accompagnés d’une grande sensibilité à la lumière et au bruit. Il a ajouté que, toujours selon ces témoins, Leyla Güven éprouvait des difficultés à marcher et à parler.