Le Conseil exécutif de l’Administration autonome du Nord et de l’Est de la Syrie (AANES) a déclaré, lors de sa conférence annuelle tenue à Raqqa, que les récentes attaques turques laissent entrevoir un accord secret entre la Russie et la Turquie.
Le Conseil exécutif de l’Administration autonome du Nord et de l’Est de la Syrie (AANES) a tenu lundi sa conférence annuelle à Raqqa. Outre la situation politique dans la région, la conférence a abordé le bilan des activités menées en 2020 et des acquis.
Le rapport a été lu par le co-président du Conseil exécutif de l’AANES, Ebîd Hamîd El Mehbas.
Le rapport dit ce qui suit : « Aujourd’hui, la majorité du peuple syrien est constituée de réfugiés et de déplacés. La raison en est que le régime de Damas privilégie une solution militaire et accepte la présence des occupants sur le territoire syrien. »
Faisant référence aux attaques des forces d’occupation turques, le rapport indique :
« Le travail de l’administration autonome en 2020 a été perturbé pour des raisons telles que l’occupation par l’État turc de certaines régions du nord et de l’est de la Syrie, la violation du cessez-le-feu et le silence de la Russie et des États-Unis. L’État turc occupant et ses gangs ont commis de nombreux crimes contre les peuples du nord et de l’est de la Syrie. Il a encouragé les activités de turquisation, imposant sa propre monnaie et modifiant la structure démographique. L’État turc occupant ignore le droit international et les droits humains. »
Le rapport souligne en outre que le gouvernement de Damas a suivi une politique de destruction dans le nord et l’est de la Syrie et que des cellules secrètes ont été organisées et activées afin de perturber la sécurité. Le rapport fait remarquer que les forces gouvernementales syriennes ont perpétré des assassinats visant les employés de l’Administration autonome et certains chefs de tribus arabes.
Le rapport critique par ailleurs le silence de la Russie concernant l’invasion lancée par l’armée turque contre Ain Issa, déclarant : « Ce silence suggère qu’il existe un accord secret entre la Russie et la Turquie. »
M. Al-Mehbas a déclaré qu’il attacherait de l’importance au dialogue avec l’opposition nationale afin de parvenir à une solution politique en 2021, de faire sortir l’armée turque du territoire syrien, de permettre le retour des populations sur leurs terres et d’assurer la poursuite du dialogue entre les Kurdes.
« Nous allons essayer d’améliorer l’autodéfense. En tant qu’administration autonome du Nord et de l’Est de la Syrie, notre objectif est de construire une Syrie multicolore et décentralisée », a poursuivi le représentant de l’AANES
S’exprimant lors de la réunion, la présidente du conseil d’administration du Conseil démocratique syrien (CDS), Ilham Ehmed, a déclaré : « Nous constatons qu’il existe encore des obstacles et des difficultés pour résoudre et mettre fin à la crise syrienne, car celle-ci fait partie du système mondial. Après que la crise syrienne se soit transformée en crise internationale, tous les États sont devenus une partie du système mondial. Par conséquent, la crise syrienne se heurtera à des obstacles et des difficultés. »
Soulignant que le gouvernement de Damas maintient ses politiques actuelles en raison de la dispersion de l’opposition syrienne, Mme Ehmed a critiqué le fait qu’il n’y ait pas de progrès dans les tentatives de solution politique et que la commission constitutionnelle et la délégation de négociation sous l’égide des Nations Unies n’incluent pas toutes les parties.
La responsable politique kurde a également souligné le rôle des États-Unis et déclaré : « Les politiques de l’administration américaine, qu’il s’agisse d’une intervention directe ou d’un simple rôle de spectateur, ont été la raison de la prolongation de la crise. Le monde attend de voir à quoi ressemblera la politique de la nouvelle administration américaine à l’égard de la Syrie. »