Dans la région montagneuse de Sirnak, au Nord-Kurdistan, les eaux usées provenant des mines de charbon entraînent une pollution croissante des cours d’eau.
La destruction de la nature augmente de jour en jour au Kurdistan. Les forêts de la région de Sırnak ont été déboisées et brûlées pendant l’été. Plus récemment, on rapporte que 500 chèvres sauvages ont été tuées par les gardes du village de Sêgirkê, dans la ville d’Uludere. Aujourd’hui, l’eau des mines de charbon situées à la périphérie du mont Cûdî (Djoudi) est déversée dans la rivière Nerdus. Celle-ci prend sa source dans le mont Cûdî et parcours des dizaines de villages ainsi que les plaines de Silopi et de Cizre, avant de se jeter dans le Tigre. Les habitants de la région sont en colère du fait de la pollution croissante de la rivière au cours de ces deux dernières années qui menace l’agriculture et l’élevage.
S’exprimant sur le sujet, Hüseyin Kaçmaz, Député de Sirnak, membre du Parti démocratique des Peuples (HDP), a dénoncé une destruction de la nature dans la région de Sirnak depuis 2015. « Depuis près de deux ans, a-t-il déclaré, l’eau qui coule dans la rivière Nerdus est noire. Les eaux des mines de charbon situées sur le mont Cûdî sont déversées dans la rivière, polluant ce cours d’eau qui va ensuite se jeter dans le Tigre. Les habitants des villages environnants sont en colère face à cette situation. Malgré tous nos efforts et les réactions de la population locale, le problème n’a pas été résolu. Les autorités étatiques avaient promis de résoudre ce problème, mais comme d’habitude, elles n’ont pas tenu leurs promesses. »
L’EAU DE LA RIVIÈRE NE PEUT PAS ÊTRE UTILISÉE DEPUIS DEUX ANS
M. Kaçmaz a poursuivi : « La population n’a pas pu utiliser cette eau de quelque façon que ce soit depuis deux ans. Or, le cours d’eau de Nerdus occupe une place vitale et significative dans la vie des habitants de la région. Cette zone est un poumon vert pour la région. Elle abrite des milliers d’espèces animales qui sont impactées par la pollution de l’eau. »
Et de souligner : « Une politique sérieuse est menée contre l’environnement du Kurdistan depuis 2015. Les monts Gabar et Cûdî à Sirnak sont régulièrement incendiés par l’État. L’été dernier, une cinquantaine d’incendies provoqués par les gardes de village et les soldats sont survenus sur le mont Cûdî et des dizaines de milliers d’arbres ont été abattus par les gardes de village. Il s’agit d’une politique spéciale qui n’est menée qu’au Kurdistan. Avec ces politiques, ils veulent piller l’espace vital et le rendre inhabitable ; le gouvernement veut rendre les habitants de la région dépendants. Mais le peuple kurde en est conscient et ne fait pas de concessions. »
LES MINES DE CHARBON TUENT LES TRAVAILLEURS
Le Député du HDP a attiré en outre l’attention sur les mines de charbon qui sont récemment devenues une machine à tuer les travailleurs : « Il y a plus de 100 mines de charbon dans la région de Sirnak et aucun travailleur n’est en sécurité dans ces mines. Les montagnes resteront des zones militaires tant que la question kurde ne sera pas résolue. Il n’y a pratiquement aucune chance de vivre et de gagner sa vie dans la région, sauf dans les mines de charbon. »
« Dans le passé, a-t-il ajouté, les habitants de Sirnak vivaient de l’agriculture et de l’élevage. Cependant, les montagnes et les plateaux de Sirnak ont été déclarés zones interdites. De ce fait, les citoyens sont obligés de travailler dans les mines de charbon. Dans ces mines, aucune sécurité n’est assurée pour les employés. Comme on le sait, la région est riche en charbon, mais cette richesse bénéficie uniquement aux partisans de l’AKP, alors que ceux qui perdent la vie dans les mines de charbon sont les habitants de cette région. »