La police turque a procédé dans la soirée de mercredi à une vague d’arrestations contre des personnes qui avaient participé à une marche nocturne féministe organisée le 8 mars à Istanbul.
Plusieurs femmes ont été arrêtées à leur domicile à Istanbul, mercredi soir. Elles sont accusées d’avoir insulté le président turc Recep Tayyip Erdogan lors de la marche nocturne féministe qui s’est déroulée le 8 mars dans le quartier de Taksim. L’Association des Avocats contemporains (ÇHD) rapporte qu’au moins dix femmes ont été arrêtées.
Au moins 24 personnes avaient déjà été arrêtées pendant et après la manifestation du 8 mars. Depuis 2003, le Collectif féministe d’Istanbul organise une marche nocturne le soir du 8 mars pour marquer la Journée internationale de lutte des femmes. Ces dernières années, l’on assiste à une recrudescence de la répression gouvernementale à l’encontre du mouvement des femmes qui est considéré comme la plus forte opposition au régime. Ainsi, la marche des femmes de cette année avait été interdite par le ministère de l’Intérieur.
Quelques heures avant le début de marche nocturne de lundi, la police turque avait bouclé tous les accès à l’avenue Istiklal, dans le district central de Beyoglu. Cela n’a pas empêché des milliers de femmes de se rassembler devant le siège de l’Association des Droits de l’Homme (IHD). Cependant le cortège a été violemment attaqué par la police, à coups de balles en caoutchouc et de gaz lacrymogène, lorsque la foule des manifestantes a tenté de se diriger vers la place emblématique de Taksim.
« Chaque année, le 8 mars, ils trouvent des excuses pour créer des rues sans femmes », a déclaré une militante du collectif féministe. Et d’ajouter : « Ils prétextant l’état d’urgence, des ″problèmes de sécurité″ ou des travaux de voirie. Parfois, il n’y a même pas de prétextes : c’est l’arbitraire des fonctionnaires en cravate qui tracent des lignes rouges à ne pas franchir. Pendant deux siècles, la chasse aux sorcières a été utilisée pour faire taire les femmes. À notre époque dite «moderne», on veut nous réduire au silence avec des lois et des interdictions. Nous n’avons aucune intention de reculer dans notre rébellion féministe… »