Près de 200 personnes ont participé aujourd’hui à la marche blanche en hommage à Sakine Cansiz, Fidan Dogan et Leyla Saylemez, militantes kurdes exécutées à Paris le 9 janvier 2013.
Dans la nuit du 9 au 10 janvier 2013, Sakine Cansiz, membre fondateur du PKK, Fidan Dogan, représentante en France du Conseil national kurde (KNK), connue sous le nom de Rojbîn, et Leyla Saylemez, membre du mouvement de jeunesse kurde, étaient retrouvées mortes dans les locaux du Centre d’Information du Kurdistan (CIK), au 1er étage du 147 rue La Fayette, dans le 10ème arrondissement de Paris. Elles avaient été tuées de plusieurs balles dans la tête. L’instruction ouverte au lendemain des faits devait révéler que l’assassin présumé, Ömer Güney, avait agi sous la direction du service de renseignement turc (MIT).
Comme chaque année, une marche blanche a été organisée aujourd’hui, 9 janvier, par le Conseil démocratique kurde en France (CDK-F) et le Mouvement des femmes kurdes en France (TJK-F) pour rendre hommage aux trois militantes kurdes assassinées et à leur combat pour la cause kurde, les droits des femmes et la paix. Car, faut-il le rappeler, ce triple assassinat a été commis quelques jours seulement après que le mouvement kurde ait annoncé avoir entamé une nouvelle phase de pourparlers avec l’Etat turc.
Un cortège composé de près de 200 personnes, avec à sa tête des femmes portant des couronnes de fleurs, a marché du 16 rue d’Enghien, siège du Centre démocratique du Kurdistan, au 147 rue La Fayette. « 6 ans, Vérité flagrante, Justice aveugle ! », pouvait-on lire sur la banderole également tenue par des femmes en tête de cortège.
A l’issue de la marche, des élu.e.s, ainsi que des représentant.e.s de partis politiques et d’organisations ont tenu à rendre hommage aux militantes kurdes à travers des prises de paroles. Intervenant à la suite des porte-paroles des associations kurdes, deux élus, Danielle Simonnet, Conseillère de Paris et Oratrice de la France insoumise, et Ian Brossat, adjoint à la Maire de Paris et tête de liste du PCF aux Européennes, ont tous deux exprimé leur détermination à combattre auprès des Kurdes pour que les commanditaires du triple assassinat soient identifiés, jugés et condamnés.
Évoquant les grèves de la faim menées actuellement pour rompre le régime d’isolement imposé au leader kurde Abdullah Öcalan sur l’île-prison d’Imrali, Danielle Simonnet a par ailleurs adressé un message de solidarité à la Députée kurde Leyla Güven en grève de la faim depuis 63 jours dans la prison de Diyarbakir. La coordinatrice du Parti de gauche a ajouté que son mouvement était engagé auprès des Kurdes pour obtenir le retrait du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) de la liste des organisations terroristes de l’Union européenne.
Ian Brossat a, quant à lui, dénoncé la complicité de l’Europe avec la Turquie et souhaité que les élections européennes « soient l’occasion de débattre publiquement des relations entre l’Europe et la Turquie, parce que, a-t-il ajouté, l’Europe ne peut pas continuer longtemps à être lamentablement aux côtés d’Ergodan en lui confiant aujourd’hui la gestion du dossier migratoire, en échange d’un silence sur les atteintes aux droits de l’homme et les massacres subits par le peuple kurde ».
Les interventions des organisations féministes ont également été remarquées. Intervenant au nom de la Marche mondiale des Femmes, Nelly Martin a souligné que le 9 janvier avait été proclamée journée internationale de solidarité avec les militantes assassinées de par le monde. Son intervention a été suivie par celle de Carine Delahaie qui a parlé au nom de Femmes Solidaires.
Sylvie Jan, Renée Lemignot et Edith Boulanger ont également pris la parole, respectivement au nom de France-Kurdistan, du MRAP et du Mouvement de la Paix, pour exprimer à leur tour leur détermination à lutter pour que justice soit rendue aux trois militantes kurdes, à leurs proches et au peuple kurde. « Nous n’accepterons pas que ce crime soit étouffé, comme tant d’autres, au nom de la raison d’Etat », a déclaré la Coprésidente du MRAP.