Makbule Özer, une femme kurde de 82 ans originaire de Van-Edremit (Wan-Ertêmetan), a été libérée pour la deuxième fois après avoir purgé une peine de prison.
Incarcérée initialement avec son mari en 2022 pour « soutien au terrorisme », elle a été libérée au bout de quatre mois en raison de sa santé déclinante. Toutefois, après une évaluation médicale de l’Institut de médecine légale (ATK), elle a été déclarée apte à la détention et emprisonnée de nouveau. Après avoir passé un total de 254 jours en prison, elle a été libérée le 31 août. Dans une interview accordée à l’agence de presse Mezopotamya (MA), elle est revenue sur ses conditions de détention et sur l’impact de son emprisonnement.
« Je suis tombée deux fois et me suis cogné la tête »
Makbule Özer a décrit son expérience en prison comme particulièrement éprouvante. « Cette fois, j’ai passé quatre mois en prison, et c’était très difficile pour moi. Je suis tombée deux fois et me suis cogné la tête. J’ai encore des maux de tête. Je suis aussi tombée plusieurs fois du lit superposé et j’ai eu beaucoup de problèmes. J’étais à l’hôpital presque tous les jours. Une heure en prison équivaut à cent jours à l’extérieur. Il y avait beaucoup de malades et de personnes âgées en prison, et il était très difficile de monter sur les lits superposés. Tout le monde avait de gros problèmes. »
« La prison n’est pas un endroit pour les personnes âgées et malades »
Elle a également évoqué les conditions difficiles pour les détenus âgés et malades : « Les amis là-bas prenaient soin de moi. Ils m’aidaient à me laver et faisaient ma lessive. Hanife Aslan était avec moi, elle a mon âge. Il lui reste encore quatre mois à purger, mais elle est très malade. Monter les escaliers ou aller aux toilettes était une épreuve. Les prisonniers me portaient sur leur dos pour m’aider à descendre les escaliers. Les conditions de la prison sont totalement inadaptées aux personnes âgées et malades. »
« Ils ne m’ont même pas laissé finir mon thé »
Makbule Özer a décrit son départ de la prison aussi difficile que son entrée. « Ils m’ont sortie lors de l’appel du matin. Je voulais boire une dernière tasse de thé avant de partir, mais ils m’ont emmenée avant que je ne puisse la terminer. Ensuite, ils m’ont fait attendre à la porte de la prison, puis dans un véhicule, avant de me transférer dans une autre voiture. Je n’ai même pas eu la chance de poser mes pieds au sol. J’ai demandé mes médicaments, mais ils ne me les ont pas donnés. Puis ils nous ont ordonné de partir, escortés par des véhicules militaires. Personne n’a été autorisé à me voir. »
« Les prisonniers malades vivent dans des conditions désastreuses »
Makbule Özer a exprimé sa profonde inquiétude pour les autres prisonniers malades : « Quand j’ai été emmenée à l’infirmerie, j’ai pleuré. Les conditions des prisonniers malades sont terribles, c’est comme vivre dans une prison à l’intérieur de la prison. Beaucoup de détenus sont dans un état critique. Les portes vers la cour sont fermées très tôt, la cantine est chère et mal approvisionnée, et la nourriture est médiocre. »
« Ils ont peur de nous »
Pour conclure, Makbule Özer a souligné que son emprisonnement, ainsi que celui d’autres personnes âgées, reflète une peur profonde de la part des autorités. « Les personnes âgées de 70 ou 80 ans ne devraient pas être en prison. Pourquoi ont-ils si peur de nous ? S’ils n’avaient pas peur, ils ne m’auraient pas mise en prison, ni libérée de cette façon. »
Son témoignage met en lumière les dures réalités de la détention des personnes âgées et malades en Turquie, tout en dénonçant ce qu’elle considère comme une persécution politique alimentée par la peur des autorités envers les militants kurdes.