Le leader kurde Abdullah Öcalan est toujours en isolement carcéral et la grève de la faim tournante des prisonniers politiques en Turquie se poursuit depuis 184 jours maintenant. L’agence de presse Firat News (ANF) a recueilli les observations de l’avocat Serdar Çelebi concernant ces sujets.
L’avocat Serdar Çelebi représente de nombreux détenus politiques qui sont en grève de la faim depuis novembre 2020 dans les prisons turques pour protester contre l’isolement carcéral du leader kurde Abdullah Öcalan. « L’État ne respecte pas sa propre législation », a-t-il déclaré.
Çelebi a souligné que l’isolement entraînait de graves conséquences pour la Turquie : « À l’époque des pourparlers entre l’État et Öcalan, la situation était bien meilleure, il y avait beaucoup moins d’effusion de sang. L’isolement est contraire à la loi turque. D’après la loi, les prisonniers ont le droit de contacter leur avocat et leurs proches. Le fait d’appliquer un traitement spécial à certains détenus constitue une violation de la constitution. C’est clairement de l’arbitraire. Le fait que la dernière conversation téléphonique [entre Öcalan et son frère] ait été coupée a renforcé les inquiétudes. Le contact téléphonique doit être garanti en toutes circonstances. »
L’isolement est une torture et porte atteinte à la dignité humaine
L’avocat a rappelé que le Comité pour la prévention de la torture du Conseil de l’Europe (CPT) avait, dans plusieurs rapports, signifié au gouvernement turc que les conditions de détention d’Abdullah Öcalan et de ses trois codétenus dans la prison d’Imrali étaient inacceptables : « Le CPT a déclaré que les conditions de détention étaient incompatibles avec la dignité humaine et relevaient de la torture. Depuis des années, nous appelons l’État à se conformer à sa propre législation. »
Concernant la grève de la faim dans les prisons, Çelebi a déclaré : « En tant que défenseurs des droits humains, nous sommes contre toute action par laquelle une personne pourrait causer un dommage à son propre corps. Cependant, les prisons sont des lieux où les personnes sont empêchées de s’exprimer et de dénoncer les violations des droits humains. Afin de mettre au jour ces traitements, les prisonniers recourent à cette méthode [la grève de la faim]. Ils exigent la levée de l’isolement et veulent que leur voix soit entendue par le monde extérieur. Chaque fois que nous rendons visite à des clients détenus, nous sommes confrontés à de graves problèmes. Des sanctions disciplinaires sont imposées, les prisonniers ne sont pas autorisés à passer des appels téléphoniques et on leur refuse la libération anticipée prévue par la loi. Il est regrettable que la grève de la faim soit ignorée. La Turquie a connu des expériences très douloureuses sur cette question. Des mesures immédiates doivent être prises pour que cela ne se reproduise pas. »