L’Institut de médecine légale d’Istanbul s’est prononcé de nouveau sur le maintien en détention d’Aysel Tugluk, atteinte de la maladie d’Alzheimer. Il a considéré que l’ancienne députée kurde était apte à rester en prison.
La politicienne kurde et avocate des droits humains Aysel Tugluk, atteinte de la maladie d’Alzheimer, a de nouveau été jugée apte à la détention par l’Institut de médecine légale (ATK) d’Istanbul. La demande de mise en liberté pour cause d’incapacité a donc été rejetée pour la troisième fois. Se disant indigné, le conseiller juridique de Tugluk a annoncé avoir déposé un recours contre cette décision, tant auprès de l’ATK que du parquet général de Kocaeli.
Aysel Tugluk est détenue depuis fin 2016 à la prison de haute sécurité de Kandıra, dans la province de Kocaeli, sur la base d’accusations de terrorisme. L’année dernière, un rapport établi par neuf experts du département médico-légal de l’université de Kocaeli a conclu que cette femme de 56 ans n’était plus apte à être détenue en raison d’un trouble neurocognitif chronique et progressif du à la maladie d’Alzheimer. Le rapport préconisait par conséquent la libération immédiate de l’intéressée. Cependant, l’ATK d’Istanbul, une institution rattachée au ministère de la Justice et réputée proche du parti présidentiel AKP, a donné un avis contraire, estimant qu’il n’y avait pas de raisons suffisantes pour suspendre l’exécution de la peine.
Pour contester l’avis de l’ATK, le conseiller juridique d’Aysel Tugluk s’est notamment appuyé sur une expertise de la Fondation des droits de l’homme de Turquie (TIHV), qui soutient que « la patiente a perdu le contrôle de sa vie et n’est pas en mesure de vivre en détention sans l’aide d’autrui ».
Toutefois, la défense de Tugluk ne s’attend pas à une réponse du parquet dans un avenir proche. La procédure de révision de la condamnation de l’ancienne parlementaire kurde à dix ans de prison pour « appartenance à une organisation terroriste » est en cours depuis maintenant deux ans et demi.