De nombreuses délégations occidentales se sont rendues dans les régions de l’Administration autonome du Nord et de l’Est de la Syrie (AANES) et les problématiques entourant les développements régionaux en cours ont été évoquées. Ces délégations ont exprimé leur soutien à l’Administration autonome concernant le processus politique en cours en Syrie, la mise en place d’un tribunal international pour juger les membres de l’Organisation de l’État islamique (OEI) ainsi que la reconstruction de ces régions et la lutte contre l’insécurité.
À la suite de l’annonce de la victoire des Forces démocratiques syriennes (FDS) sur les mercenaires de l’OEI le 23 mars 2019, les régions gérées par l’Administration autonome sont entrées dans une nouvelle phase. Depuis le début du mois de juin, plusieurs délégations occidentales composées de représentantf·es de nombreux ministères des affaires étrangères se sont rendues pour la première fois dans les régions du nord et de l’est de la Syrie, démontrant ainsi une volonté d’ouverture à l’égard de l’AANES. Ces délégations lui ont apporté leur soutien dans sa recherche de solutions à la crise en Syrie ainsi que sur la question des poursuites judiciaires contre les détenu·es de l’Organisation de l’état islamique.
Depuis plusieurs années, les responsables de l’AANES ont été tenu·es à l’écart du processus politique, tant à Genève qu’à Astana, et ne participent donc pas aux comités de préparation d’une nouvelle constitution pour la Syrie. Cette mise au ban est le fait de plusieurs gouvernements régionaux, Turquie en tête, qui multiplient les pressions pour éviter que des représentant·es de l’Administration autonome ne participent aux discussions politiques concernant l’avenir de la Syrie. La volonté farouche de la Turquie de ne pas voir des membres de l’Administration autonome s’assoir à la table des discussions découle de la phobie turque à l’égard de l’existence du peuple kurde et de ses droits légitimes.
Parmi les délégations qui se sont déplacés dans les régions du nord et de l’est de la Syrie depuis début juin, on notera la présence du président de la Commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale ainsi que des émissaires des ministères des Affaires étrangères de France, des Pays-Bas, de Belgique, de Suède et d’Arabie Saoudite. Le conseiller en chef de la Coalition internationale en Syrie, William Robak s’est lui aussi rendu récemment dans le nord et l’est-syrien, ainsi qu’une délégation du Pentagone.
Soutien à l’Administration autonome
Au cours de ces visites, des discussions ont abordés la nécessité de créer un tribunal international pour traduire en justice les terroristes de Daech mis hors d’état de nuire par les Forces démocratiques syriennes. L’Administration autonome a souligné qu’elle avait la légitimité pour juger les mercenaires de l’OEI ayant commis des crimes dans les régions syriennes tombant sous sa juridiction.
Les réactions étrangères à cette volonté de justice ont été positives. Dans une lettre adressée à l’Administration autonome via la délégation hollandaise, le ministre des Affaires étrangères des Pays-Bas a fait savoir que son pays soutenait la mise en place d’un tribunal international dans le nord et l’est de la Syrie.
Par ailleurs, l’ensemble des représentant.es diplomatiques ont affirmé être prêt·es à soutenir la reconstruction et le retour des services publics et notamment sanitaires, surtout dans les dernières zones libérées telles que Deir ez-Zor, Raqqa ou Tabqa.
Selon les diplomates des ministères des Affaires étrangères français et hollandais, une rencontre concernant la Syrie aura lieu à Paris les 25 et 27 juin. Des représentant·es de France, des Pays-Bas, de Grande-Bretagne, d’Allemagne, d’Arabie Saoudite, d’Égypte, de Jordanie et des États-Unis participeront aux débats. Il s’agira de définir les meilleurs moyens pour soutenir l’Administration autonome, notamment pour qu’elle puisse enfin participer au processus politique en Syrie dont elle est pour le moment exclue.
Au cours d’un entretien avec l’agence de presse Hawar, le co-président du Département des Relations extérieures, Abdulkarim Omar, a qualifié ces visites internationales d’importantes. « L’Administration autonome et les délégations étrangères ont échangé leurs points de vue concernant la situation en Syrie en général et au nord et à l’est en particulier. Par ailleurs, une attention particulière a été donnée au processus politique en cours avec les multiples réunions de Genève. La résolution 2254 des Nations-Unies (adoptée à l’unanimité par le Conseil de Sécurité de l’ONU en 2015, elle a pour but l’établissement d’une transition politique conduite par les Syrien·nes, N.D.L.R.) et la nécessité de voir les représentant.es de l’Administration autonome participer aux comités de préparation d’une nouvelle constitution pour la Syrie ont également été abordées. »
Au sujet de ce dernier point, M. Omar a déclaré avoir reçu des garanties de la part des États-Unis et des pays européens afin de résoudre la crise syrienne. Il espère que ces visites seront le début d’un renforcement des relations entre l’Administration autonome et la communauté internationale. Et qu’ainsi une nouvelle Syrie, démocratique et décentralisée, puisse voir le jour.