Les maires de la grande ville de Dersim et du district d’Ovacik ont été destitués aujourd’hui, après avoir été condamnés mercredi à de lourdes peines de prison. Le gouvernement turc a nommé à leur place le préfet de la région et le sous-préfet du district.
Les autorités turques ont fini par saisir les municipalités de Dersim (dirigée par le DEM) et d’Ovacık (dirigée par le CHP). Condamnés il y deux jours à de lourdes peines de prison, Cevdet Konak et Mustafa Sarıgül, respectivement co-maire de Dersim et maire du district d’Ovacik, ont été destitués et remplacés par le préfet de la région pour le premier et le sous-préfet du district pour le second.
Depuis mercredi, des manifestants occupaient la mairie de Dersim pour protester contre la condamnation du maire de la ville et empêcher la saisie de la municipalité par le régime turc. Ils ont été brutalement délogés aujourd’hui par des policiers déployés en grand nombre. Dans les heures qui ont suivi, une foule de plus en plus nombreuse s’est rassemblée autour du bâtiment. Les manifestants ont laissé échapper leur colère en forçant les barricades érigées par la police. Les protestations se poursuivent à l’heure actuelle.
Le ministère turc de l’intérieur a annoncé la nomination du préfet de Tunceli (nom turc de Dersim), Bülent Tekbıyıkoğlu, à la place des co-maires de Dersim, et du sous-préfet de district, Hüseyin Şamil Sözen, à la place du maire d’Ovacık.
Le 20 novembre, les deux élus ont été condamnés chacun à 6 ans et 3 mois d’emprisonnement dans le cadre d’un procès intenté il y a 10 ans pour « appartenance à une organisation illégale ». Leur destitution s’inscrit dans une nouvelle vague de répression à l’encontre des maires kurdes. Celle-ci a commencé le 3 juin dernier avec la destitution et l’arrestation du co-maire de Hakkari, et s’est poursuivie le 31 octobre avec celle du maire CHP d’Esenyurt, arrondissement d’Istanbul, suivie de près par la saisie de trois mairies kurdes détenues par le DEM, dont les grandes villes de Batman et Mardin.