Les Mères du Samedi ont tenu leur 1012e rassemblement hebdomadaire à Galatasaray Meydanı pour réclamer des réponses sur le sort de leurs proches disparus en détention et pour exiger que les responsables soient jugés. Cette semaine, leur attention s’est portée sur Abdurrahim Demir, dont la disparition est restée inexpliquée depuis 29 ans.
Une lutte pour la vérité et la justice
Dans leur déclaration, les Mères du Samedi ont souligné que le principal obstacle à la recherche de justice pour les crimes d’État en Turquie est le déni de la vérité. Selon elles, les plaintes concernant les personnes disparues sont souvent classées comme des « allégations abstraites » malgré les témoignages, documents et preuves disponibles. Cette politique de déni contribue à l’impunité des personnes ayant ordonné les disparitions, des exécutants et des autorités complices, qui échappent ainsi à toute forme de justice.
L’affaire Abdurrahim Demir
L’histoire d’Abdurrahim Demir a été détaillée lors de l’événement. Le 17 août 1995, Abdurrahim, alors âgé, prenait un bus de Mardin Ömerli à Adana. Après environ une heure de trajet, le bus a été arrêté au poste de contrôle de Şavalet par des soldats. Abdurrahim a été extrait du bus et emmené en garde à vue. Les témoins ont rapporté qu’il avait été conduit au poste de gendarmerie de Şavalet. Lorsque sa mère, Kesriye Demir, s’est rendue au poste pour s’informer, on lui a répondu que personne n’avait été arrêté. Malgré ses nombreuses démarches, Abdurrahim Demir n’a jamais été retrouvé. Sa mère a attendu 20 ans son fils sans nouvelles, et son frère, Mehmet Demir, est décédé après avoir passé 23 ans à chercher une réponse à la question : « Que s’est-il passé pour mon frère ? ».
Un appel à la justice
Dans leur déclaration, les Mères du Samedi ont appelé les autorités judiciaires à mettre fin à l’impunité qui dure depuis 29 ans dans le dossier d’Abdurrahim Demir et à ouvrir une enquête efficace. Elles ont affirmé qu’elles continueront de demander justice pour tous les disparus, rappelant que l’État doit respecter les normes juridiques universelles.
Un engagement pour les disparus
La sœur de Hayrettin Eren, une autre personne disparue, a également pris la parole, promettant de poursuivre le combat de sa mère, qui est décédée sans avoir retrouvé son fils. Les manifestants ont terminé leur action en lançant des œillets à la mémoire des disparus.
Des actions similaires ailleurs
À Êlih, l’Association des Droits de l’Homme (İHD) et les familles de disparus ont organisé leur 646e rassemblement devant le Monument des Droits de l’Homme. L’histoire d’Ibrahim Çelik et de son fils Edip, disparus en août 1994 à Êlih, a été racontée. Le récit a souligné le désespoir des familles face à l’absence de réponses et de justice.
À Colemêrg, l’İHD et les proches des disparus ont célébré leur 134e semaine de rassemblement dans le quartier de Gever, demandant justice pour İslam Terkoğlu, tué en 2006 à Dağlıca. Les autorités ont été accusées de ne pas avoir enquêté sur l’incident, laissant Terkoğlu dans l’impunité.
Ces rassemblements continuent de rappeler la nécessité de vérité et de justice pour les victimes de disparitions forcées en Turquie.