Le blocus administratif et humanitaire contre le camp de réfugiés kurdes de Makhmour, situé dans la province de Mossoul, s’intensifie.

Près de 12 000 réfugiés kurdes, ayant fui les violences en Turquie dans les années 1990, sont aujourd’hui privés de leurs droits fondamentaux par les autorités irakiennes.

Dans une déclaration écrite, la coprésidence de l’Assemblée du peuple de Makhmour dénonce une situation alarmante : absence de délivrance de cartes d’identité, interdiction d’entrée de denrées alimentaires, suspension des aides humanitaires, et entrave à l’accès aux soins médicaux et à l’éducation.

Carte d’identité et enregistrement des naissances bloqués

Selon l’Assemblée, les résidents du camp ne peuvent plus obtenir ou renouveler leurs cartes d’identité depuis deux ans, ce qui empêche même l’enregistrement des nouveau-nés. Cette situation a des conséquences dramatiques, notamment pour les personnes atteintes de maladies chroniques telles que le cancer, privées d’accès aux services hospitaliers.

La déclaration souligne également que les étudiants du camp sont privés de l’accès à l’université depuis quatre ans. Malgré les engagements répétés du gouvernement irakien, aucune solution n’a été mise en œuvre cette année non plus.

Aides humanitaires et carburant non distribués

Les aides humanitaires, normalement destinées à l’ensemble des réfugiés en Irak, n’ont pas été acheminées à Makhmour. Il en va de même pour l’aide en carburant, pourtant cruciale durant les mois d’hiver. Les projets d’accès à l’eau potable et de réhabilitation routière gérés par la municipalité du camp sont également à l’arrêt depuis des années, malgré plusieurs visites officielles.

L’Assemblée déclare que plus aucun produit de première nécessité n’a été autorisé à entrer dans le camp depuis près d’une semaine, aggravant des conditions de vie déjà extrêmement précaires.

La déclaration souligne que les récents pourparlers entre Bagdad et Ankara n’ont pas pour objectif une solution politique, mais visent au contraire à renforcer la pression sur le camp. Bien que rattaché à l’administration irakienne, Makhmour reste sans réponse aux besoins élémentaires de ses habitants, tant sur les plans sanitaire qu’éducatif et juridique.

Créé en 1994 par des réfugiés kurdes fuyant la répression turque, le camp de Makhmour subit depuis des années les pressions conjointes de l’État turc, du gouvernement central irakien et du Parti démocratique du Kurdistan (PDK). Depuis 2019, un embargo imposé par le PDK empêche les déplacements vers Hewlêr (Erbil), et le camp est régulièrement ciblé par des frappes aériennes turques. En 2021, une tentative des forces irakiennes d’encercler le camp avec des barbelés avait été repoussée par la résistance populaire.

Mais aujourd’hui, les autorités irakiennes semblent amorcer une nouvelle phase de siège et d’isolement, dans un climat de coopération sécuritaire renforcée avec la Turquie.

« Malgré notre rattachement administratif à l’État irakien, aucune solution durable n’est apportée à nos problèmes fondamentaux », conclut l’Assemblée, appelant à la solidarité nationale et internationale pour mettre fin à cette situation critique.

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