Dans le nord de la Syrie, les Syriaques chrétiens ont célébré vendredi le nouvel an assyrien, Akitu.
La fête de l’Akitu en Mésopotamie remonte au 4e millénaire avant J.-C. et peut-être même au Néolithique. Fêté depuis 6722 ans, l’Akitu trouve son origine dans l’ancienne civilisation sumérienne de Mésopotamie. À l’époque sumérienne, il était célébré dans de nombreuses villes mésopotamiennes, comme Uruk. Les cultures mésopotamiennes étant fortement dépendantes de l’agriculture, la plupart de leurs fêtes étaient associées au cycle annuel de la nature.
Le festival assyrien Akitu commence après l’équinoxe, le 21 mars, et culmine le 1er avril. Ce jour marque le moment des semailles de l’orge. Jusqu’à la fin du deuxième millénaire avant J.-C., deux fêtes avec des processions et des rituels religieux de plusieurs jours étaient célébrées, à savoir pour les semailles d’orge et plus tard à nouveau pour la récolte de l’orge. Aujourd’hui, la fête n’a plus de signification religieuse, mais plutôt culturelle et politique. Étant donné que les traditions festives autour du début du printemps et des semailles revêtent une importance particulière dans le contexte de la révolution néolithique et du début de l’agriculture organisée, on peut supposer que l’Akitu est beaucoup plus ancien et qu’il était caractérisée par le culte des déesses dans les premiers temps.
Au Rojava, l’Akitu est notamment célébré à Tall Arbush, un village assyrien situé dans la vallée du Khabur, à une vingtaine de kilomètres au sud-est de Tall Tamr, dans le canton de Hassakê. Des centaines de personnes ont participé à la célébration, dont des personnalités de la société civile, des politiciens et des forces de sécurité. Parmi les structures des Forces démocratiques syriennes (FDS) se trouvaient, entre autres, la commandante des Unités de Protection féminines (YPJ), Newroz Ehmed, le porte-parole des FDS Aram Hanna, ainsi que Ferhad Şami, attaché de presse de la fédération des combattants, et Matay Hanna du Conseil militaire syrien (MFS).
Salut à la « Fraternité des peuples ».
Après une minute de silence pour les martyrs, la cérémonie s’est poursuivie par des messages du Parti de l’unité assyrienne et de l’Organisation démocratique assyrienne. « Que la nouvelle année marque le début de la paix, de l’amour et de la sérénité », ont déclaré différentes organisations et institutions dans leurs messages. Matay Hanna a souhaité une bonne année à tous les peuples chrétiens de la région et déclaré que l’Akitu est le moment du renaissance de l’esprit, de la nature, de l’harmonie et des civilisations.
Newroz Ehmed a parlé d’une « culture commune » que les peuples de la région ont façonnée ensemble, avant de rendre hommage au mérite des martyrs du Rojava. « Ce n’est que grâce à leurs sacrifices, a-t-elle dit, que les peuples de la région peuvent aujourd’hui célébrer des fêtes telles que l’Akitu et le Newroz de manière détendue et expansive ». À la fin de son discours, la commandante a salué la « fraternité » de la « mosaïque des peuples du Rojava ». Le programme s’est poursuivi avec des manifestations musicales, des représentations folkloriques et des pièces de théâtre.
Célébration à Tirbêspiyê
Akitu a également été célébré hier à Tirbespiyê – bien que l’ambiance ait été plutôt modérée en raison de l’attaque de drone près de la ville, dans l’est de Qamishlo. Parmi les personnes présentes, la politicienne Nazira Gawriye, coprésidente du Parti de l’unité syriaque a déclaré : « Je félicite tous les Syriaques de Syrie et du monde entier qui célèbrent Akitu. J’espère que cette célébration apportera la paix, la liberté et la stabilité, particulièrement aux personnes confrontées ici à la guerre et à la mort. »
Sur décision de l’Administration autonome du Nord et de l’Est de la Syrie (AANES), l’Akitu est devenu cette année un jour férié dans la région.