La municipalité de Siirt, dirigée par un administrateur de l’AKP, a cédé le charnier « Newala Qesaba » pour en faire un chantier de construction. Des Arméniens y ont été enterrés en 1915 et des membres du PKK avec des victimes des « disparitions forcées » de l’État turc dans les années 80 et 90.
Le charnier « Newala Qesaba » dans la province kurde du nord de Siirt a été cédé comme chantier de construction. Depuis le week-end, des bulldozers et d’autres machines de construction sont déjà utilisés pour préparer le terrain. Selon les recherches du journaliste Oktay Candemir, une académie de police doit être construite sur le site. Des organisations de défense des droits humains ont annoncé qu’elles allaient engager une action en justice contre le « projet de construction ».
Selon l’association des droits de l’homme (IHD), les corps d’au moins 300 guérilleros kurdes et victimes de la pratique étatique des « disparitions forcées » ont été enterrés à Newala Qesaba depuis 1984. Parmi les personnes dont les restes sont toujours enterrés dans la fosse commune malgré plusieurs initiatives pour les découvrir, on trouve le corps du légendaire commandant de guérilla Mahsum Korkmaz (Nom de guerre : Egîd), qui a lancé la lutte armée du PKK le 15 août 1984 en attaquant une caserne militaire à Eruh.
Mais ce n’est pas seulement depuis les années 1980 que Newala Qesaba est utilisée comme charnier. En 1915, les corps des Arméniens assassinés lors du génocide des peuples chrétiens de l’Empire ottoman par les Jeunes Turcs ont été enterrés sur le site. On ne sait pas combien de personnes ont été enterrées sur le site pendant le génocide. Plus récemment, le site a été utilisé comme décharge.
La transformation de Newala Qesaba en tant que terrain à bâtir est portée au crédit du gouverneur provincial turc Osman Hacıbektaşoğlu, qui est également administrateur de la municipalité depuis juin 2020. Les co-maires démocratiquement élus de Siirt, Berivan Helen Işık et Peymandara Turhan, avaient été destitués et arrêtés sur ordre du ministère de l’Intérieur. Bien qu’ils aient été libérés peu après, ils sont depuis lors assignés à résidence.