Qualifiant de choquantes les concessions faites à la Turquie par la Suède pour l’adhésion à l’OTAN, le Conseil démocratique syrien (MSD) appelle à la résistance contre cette prise de position.
Le parlement suédois doit se prononcer le 16 novembre sur un amendement constitutionnel qui pourrait conduire à un durcissement de sa législation antiterroriste. La révision permettrait de restreindre la « liberté d’association des groupes impliqués dans le terrorisme ». L’annonce du Parlement suédois intervient au lendemain de la visite du Premier ministre Ulf Kristersson en Turquie. Après s’être entretenu avec le président turc Erdogan, M. Kristersson a déclaré mardi, lors d’une conférence de presse conjointe, que les amendements constitutionnels étaient destinés à « lutter contre le terrorisme et les organisations terroristes telles que le PKK en Suède ». « La Suède remplira tous les engagements qu’elle a pris envers la Turquie dans la lutte contre la menace terroriste », a déclaré M. Kristersson. Il a ajouté que le mandat de son gouvernement était de faire passer la loi et l’ordre avant tout, ce qui inclut « les organisations terroristes comme le PKK ».
À l’approche de la visite inaugurale du premier ministre nouvellement élu à Erdogan, le ministre des affaires étrangères Tobias Billström avait déclaré que le gouvernement suédois prenait ses distances avec l’Administration autonome du Nord et de l’Est de la Syrie (AANES), en nommant explicitement le PYD (Parti de l’Union démocratique) et les YPG (Unités de défense du peuple). Billström a fait valoir que les liens de ces structures avec le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) étaient « trop étroits pour être bons pour les relations entre nous et la Turquie ». Le principal objectif de son gouvernement, a-t-il dit, est l’adhésion de la Suède à l’OTAN.
Le MSD s’est dit préoccupé par la génuflexion suédoise devant Erdogan. « Les déclarations choquantes du gouvernement suédois peu après la Journée mondiale pour Kobanê [1er novembre] ont suscité la colère », a déclaré le MSD, qui travaille depuis 2015 à une solution politique à la crise en Syrie.
Et de poursuivre: « La résistance de Kobanê a initié la défaite de l’État islamique (EI) et conduit à l’affaiblissement des organisations terroristes islamistes. Ankara a soutenu l’EI depuis le début. Les relations entre Ankara et les organisations terroristes ne sont pas un secret pour le gouvernement suédois. Nous informons le peuple suédois et son gouvernement que le nord-est de la Syrie est une partie importante du pays et que le combat qui y est mené contribue à la sécurité du monde. Le gouvernement suédois sait que ce combat a fait 35 000 morts et blessés au sein des YPG/YPJ et des SDF. La Suède n’est pas un pays faible au point de devoir se soumettre au chantage de l’État turc et faire des concessions sur les normes démocratiques et juridiques pour satisfaire un dictateur. »
En conclusion, le MSD a appelé le peuple suédois, les partis politiques et les organisations de la société civile à résister à la position prise par le gouvernement suédois, avertissant que céder au chantage de la Turquie nuirait à la Suède à long terme.