Le procès du Co-Maire de la métropole kurde d’Amed (Diyarbakir), Selçuk Mızraklı, démis de ses fonctions en août dernier par le gouvernement turc, puis placé en détention en octobre, a commencé, mercredi, devant la 9ème Cour criminelle de Diyarbakir.
Inculpé pour « participation à une organisation terroriste », le Maire issu du Parti démocratique des Peuples (HDP) encourt jusqu’à 15 ans de prison. Les accusations sont fondées essentiellement sur les déclarations contestées d’une détenue du nom de Hicran Berna Ayverdi qui entend ainsi profiter des réductions de peine prévues par la loi turque sur le repentir.
De nombreux responsables du HDP et d’autres partis d’opposition ont assisté à cette première audience à laquelle M. Mızraklı, détenu dans une prison de Kayseri, à 700 km de là, a participé par visioconférence.
Selçuk Mizrakli a rappelé que le Président turc Recep Tayyip Erdogan avait, déjà à la veille des élections locales du 31 mars, menacé de nommer des administrateurs pour remplacer les Maires qui seraient élus au nom du HDP. « Nous sommes venus soigner les blessures de Diyarbakır, a-t-il déclaré. Cependant, des membres du HDP sont arrêtés quotidiennement. Le terme « terreur » est utilisé pour hypnotiser la société. La plus grande terreur est celle du gouvernement qui génère crise, pauvreté et guerre. L’opposition reste silencieuse à ce sujet. La politique et la société doivent sortir de cette obscurité et de ce labyrinthe.
La liberté ne peut être atteinte que par la résolution de la question kurde. La paix nous permet, à nous les humains, de grandir, tandis que la guerre nous réduit et nous fait perdre. »
Rejetant la demande de mise en liberté du M. Mizrali, la Cour a ajourné le procès au 10 février 2020.