L’Association des Droits de l’Homme (İHD) de la section d’Amed a publié un rapport glaçant : au moins 114 femmes ont été tuées au Kurdistan au cours de l’année écoulée.

Le rapport met également en lumière les tortures infligées aux femmes emprisonnées et souligne que la mainmise des administrateurs nommés par l’État (les « kayyums ») aggrave les violences.

Un Rapport Accablant

Lors d’une conférence de presse tenue au siège de l’association, le rapport annuel sur les violations des droits des femmes dans les villes kurdes a été présenté par Esra Saçaklıdır, membre du conseil d’administration de la section İHD d’Amed. Elle a expliqué que la violence envers les femmes ne se limite pas aux atteintes physiques mais inclut également des abus psychologiques, sexuels, économiques, sociaux et de classe.

Elle a dénoncé le fait que les violences domestiques sont souvent perçues par la société et l’État comme des « affaires familiales », minimisées et ignorées. Elle a également critiqué la décision de la Turquie de se retirer de la Convention d’Istanbul et les débats autour de l’abrogation de la loi n° 6284, qui selon elle, exacerbent les inégalités de genre.

La Répression des Militantes Kurdes

Esra Saçaklıdır a aussi souligné que l’absence de résolution de la question kurde conduit à une intensification des pressions exercées par le pouvoir sur les femmes politiques et militantes kurdes. Les arrestations arbitraires et les procès biaisés s’inscrivent, selon elle, dans une forme particulière de violence à leur encontre.

Par ailleurs, la nomination de kayyums à la place des élus locaux, un procédé dénoncé comme antidémocratique, contribue à l’aggravation des violences. Le rapport attire également l’attention sur les cas de torture et de maltraitance visant les femmes emprisonnées.

Les Chiffres Clés

Avocate et membre de l’association, Berfin Elçi a détaillé les violations recensées :

•39 femmes ont perdu la vie dans des circonstances suspectes.

•7 femmes ont été poussées au suicide.

•49 femmes ont été tuées dans un contexte de violences domestiques, tandis que 12 autres ont été blessées.

•19 femmes ont été tuées et 16 blessées dans des violences survenues dans l’espace public. Une femme a été victime de violences sexuelles dans ce cadre.

Au total, 114 femmes ont vu leur droit à la vie bafoué en un an. Parmi elles, 57 ont été tuées ou retrouvées mortes dans leur propre foyer, supposé être un lieu sûr.

Les coupables sont majoritairement des proches : pères, fils ou conjoints. Les motifs de ces crimes révèlent une violence profondément ancrée dans les rapports de pouvoir : divorces refusés, disputes banales, voire des raisons absurdes comme le fait de ne pas avoir apporté un verre d’eau.

Une Urgence à Agir

Ces données mettent en lumière une réalité insoutenable : les violences à l’encontre des femmes au Kurdistan ne sont pas de simples faits divers, mais un problème systémique amplifié par des politiques publiques insuffisantes et une répression accrue des libertés.

L’İHD appelle à des mesures urgentes pour combattre ces violences et protéger les droits des femmes, tout en dénonçant un climat politique qui contribue à l’impunité et à la persistance de ces crimes.

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