Le procès de l’avocat Saleh Nikbakht, qui représentait la famille de Jina Mahsa Amini, devait avoir lieu aujourd’hui devant la branche 28 du tribunal révolutionnaire islamique de Téhéran, mais a été reporté en raison de problèmes administratifs, selon le Réseau des droits humains du Kurdistan (KHRN).
Me. Nikbakht est accusé de « propagande contre le système de la République islamique » pour avoir contesté publiquement l’avis de la Commission de médecine légale concernant la mort d’Amini dans une interview avec des médias étrangers et le journal Etemad.
Le décès d’Amini, survenu en septembre 2022 alors qu’elle était en garde à vue, a déclenché des manifestations à l’échelle nationale qui ont coûté la vie à au moins 500 personnes et blessé des milliers d’autres. Malgré les plaintes de la famille à l’encontre des responsables de la mort d’Amini, aucune mesure n’a été prise jusqu’à présent.
L’avocat Nikbakht s’est opposé à l’avis de la Commission de médecine légale, qui attribuait la cause du décès d’Amini à une « crise cardiaque » résultant d’une « maladie sous-jacente ». Il a appelé à un « réexamen de l’affaire et à la formation d’un nouveau comité composé de médecins éminents et dignes de confiance au sein de la communauté médicale du pays » pour enquêter sur l’affaire.
Cependant, les autorités judiciaires ont considéré son opposition comme une violation de la loi et ont décidé de l’inculper de « propagande contre l’État ». M. Nikbakht a été mis en accusation par la branche 2 du bureau du procureur public et révolutionnaire de Téhéran le 11 mars pour ses entretiens avec des journalistes étrangers. Il a ensuite été libéré sous caution en attendant son procès.
Le drame a débuté lorsque Jina Mahsa Amini a été arrêtée par la police des mœurs le 13 septembre 2022 à Téhéran, sous l’accusation de porter son hijab de manière « inappropriée ». À peine deux heures après son arrestation, elle a été conduite à l’hôpital de Kasra dans un état inconscient, ayant été violemment frappée à la tête par les policiers.
Selon les rapports, Amini était en état de mort cérébrale lorsqu’elle a été admise à l’hôpital, et elle est décédée trois jours plus tard, le 16 septembre, à l’hôpital Kasra de Téhéran. Alors que les autorités ont affirmé que la cause de son décès était une crise cardiaque liée à une maladie sous-jacente, la famille a catégoriquement rejeté cette déclaration, insistant sur le fait que la jeune femme était en parfaite santé avant son arrestation.
Des témoins oculaires parmi les détenus qui se trouvaient dans le même véhicule que Jina Mahsa Amini lors de son transfert vers un centre de détention ont plus tard confirmé que les policiers avaient fait usage de violence et l’avaient violemment battue, causant une fracture du crâne.
L’avocat d’Amini, Saleh Nikbakht, a déploré l’absence de toute action judiciaire dans cette affaire et a dénoncé le manque de présence de la famille et de son avocat lors de l’enquête. La situation a suscité une profonde indignation dans la société et a soulevé des questions sur les pratiques policières et judiciaires au sein de la République islamique. Le report du procès de Nikbakht ne fait que prolonger l’attente de réponses et de justice pour la famille d’Amini et les manifestants qui ont perdu la vie lors des protestations.