Massimo D'Alema, ancien Premier ministre d'Italie, a récemment révélé que l'ancien président américain Bill Clinton l'avait personnellement contacté pour lui demander d'extrader le leader kurde Abdullah Öcalan vers la Turquie. Cette confession met en lumière les pressions exercées par les États-Unis lors de la capture d'Öcalan en 1999, alors qu'il fuyait de nombreux pays après avoir été expulsé de Syrie.
Massimo D'Alema, ancien Premier ministre d'Italie

Massimo D’Alema, ancien Premier ministre d’Italie, a récemment révélé que l’ancien président américain Bill Clinton l’avait personnellement contacté pour lui demander d’extrader le leader kurde Abdullah Öcalan vers la Turquie. Cette confession met en lumière les pressions exercées par les États-Unis lors de la capture d’Öcalan en 1999, alors qu’il fuyait de nombreux pays après avoir été expulsé de Syrie.

Cela fait maintenant 43 mois que personne n’a eu de nouvelles du leader kurde Abdullah Öcalan, détenu dans des conditions d’isolement sévères dans la prison de l’île d’İmralı, en Turquie, où il est enfermé depuis plus de 25 ans. Le gouvernement turc continue de lui refuser le droit de voir ses avocats et sa famille. Son dernier contact avec ses avocats remonte à 2019 et avec sa famille à 2020. Depuis une brève conversation téléphonique interrompue avec son frère en 2021, aucune information n’a été donnée concernant Öcalan et les trois autres prisonniers détenus avec lui.

Lors d’une interview accordée à Medya Haber TV, Massimo D’Alema a décrit les pressions américaines à son encontre à l’époque où il était en poste en Italie. Bill Clinton aurait demandé explicitement à D’Alema de remettre Öcalan à la Turquie, une demande que l’Italie a refusée, malgré l’immense pression politique.

« Les États-Unis ont toujours soutenu le gouvernement turc »

D’Alema a souligné que la situation était complexe : « Lorsque le président Clinton m’a appelé et m’a dit : ‘Vous devez remettre Öcalan à la Turquie’, nous avons refusé. Croyez-moi, il n’est pas facile de dire ‘non’ aux États-Unis, surtout quand vous êtes un allié au sein de l’OTAN avec la Turquie. »

Il a ajouté que la proposition d’Öcalan pour une conférence internationale visant à une solution démocratique à la question kurde n’avait aucune chance d’aboutir à l’époque, en raison du soutien indéfectible des États-Unis à la Turquie.

« Öcalan est engagé pour une résolution pacifique »

D’Alema a confirmé qu’il reconnaissait les efforts d’Öcalan pour une solution pacifique au conflit, mais a précisé que le gouvernement turc n’était pas disposé à accepter cette voie à l’époque, bénéficiant du soutien américain. Il a également critiqué l’isolement d’Öcalan, qualifiant ce traitement d’inhumain et inacceptable, tant sur le plan des droits humains que sur le plan politique.

Appel à la libération d’Öcalan

L’ancien Premier ministre italien a appelé à la libération immédiate d’Abdullah Öcalan, insistant sur le fait qu’il pourrait jouer un rôle clé dans la résolution pacifique du conflit kurde en Turquie. Il a déclaré : « Le président Erdoğan devrait immédiatement libérer Öcalan pour permettre une solution durable à la question kurde, en respectant les droits du peuple kurde. »

D’Alema a également critiqué l’approche nationaliste de la Turquie concernant la question kurde, affirmant que la seule solution viable était de reconnaître les droits des Kurdes.

Contexte historique

En 1998, Abdullah Öcalan, fondateur du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), avait lancé un cessez-le-feu et proposé une solution démocratique au conflit kurde lors d’une intervention sur MED TV. Cependant, cette initiative pacifique a été rejetée par la Turquie, qui a intensifié ses pressions diplomatiques et militaires pour expulser Öcalan de Syrie.

Après avoir été expulsé de Syrie, Öcalan s’est exilé en Europe, où il a sollicité l’asile en Italie. L’Italie a refusé de l’extrader en raison du risque de peine de mort en Turquie, mais les pressions internationales, notamment américaines, ont finalement contraint Öcalan à quitter l’Italie. Il fut capturé en février 1999 à Nairobi, au Kenya, et remis aux autorités turques dans ce qui est souvent décrit comme une conspiration internationale.

L’isolement prolongé d’Öcalan continue de susciter des protestations et des appels internationaux pour sa libération et pour une reprise des discussions sur la paix et la résolution de la question kurde.

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