L’Association des Journalistes Dicle Fırat a publié son rapport sur les violations des droits commises contre les journalistes dans le courant du mois de février en Turquie.
Le rapport souligne que des dizaines de journalistes emprisonnés n’ont pas été libérés malgré des appels répétés. Selon l’Association des Journalistes Dicle Firat (DFG), plusieurs travailleurs de la presse ont été attaqués, arrêtés, menacés et/ou empêchés de faire leur travail en février. Le rapport rappelle que Güngör Arslan, le propriétaire du journal Ses Kocaeli, a été tué dans une attaque armée parce que ses reportages dérangeaient certains groupes d’intérêt: « Il a fait l’objet de menaces à plusieurs reprises. Cependant, il n’a pas cessé de faire des reportages. Nous espérons que les meurtriers d’Arslan seront jugés et que ce meurtre ne sera pas oublié comme ceux de dizaines d’autres journalistes kurdes qui ont été assassinés. »
PEINES DE PRISON
L’association cite les noms de plusieurs journalistes jugés et condamnés par la justice turque: « Mehmet Şahin, Deniz Yücel, Selda Manduz, Durket Süren et Berivan Altan ont été condamnés à un total de plus de 16 ans de prison. Cela montre que le journalisme est toujours considéré comme un crime en Turquie. Le gouvernement nous dit “vous ne pouvez faire du journalisme que dans la mesure où nous l’autorisons !”. Nous n’acceptons pas cette approche. Un journaliste n’est le soldat de personne, il n’agit pas sous des ordres ou des instructions. Les autorités doivent l’accepter. »
RÉPRESSION DE LA PRESSE LIBRE
Le rapport indique également que RTÜK, l’organisme turc de régulation de l’audiovisuel, a infligé des amendes à de nombreuses chaînes de télévisions, imposé des interdictions de diffusion et bloqué l’accès à des sites Internet. Le juge pénal de Diyarbakır a ordonné de retirer des rayons plusieurs journaux, magazines et livres, dénonce aussi le rapport.
Et de poursuivre: « Plusieurs publications, notamment les journaux Xwebûn et Yeni Yaşam, les magazines Jineoloji et Demokratik Modernite, ont été illégalement interdites. Cette démarche est clairement hostile à la liberté de la presse et n’a aucune base juridique. »
MEURTRES, ATTAQUES, MENACES, AMENDES…
Le rapport donne des informations sur le droit à la vie et à la sécurité des journalistes: « 1 journaliste a été tué et 3 ont été attaqués le mois dernier. Par ailleurs, 7 journalistes ont été arrêtés, 3 détenus, 3 maltraités et 2 menacés. En outre, un journaliste emprisonné a été confronté à une violation de ses droits. Dans 11 cas, des journalistes ont été empêchés de couvrir des incidents. »
Le rapport aborde également les violations de la liberté d’opinion et d’expression des journalistes. Il note que 8 journalistes ont fait l’objet d’enquêtes, 9 ont été traduits en justice, 5 ont été condamnés à 16 ans, 4 mois, 22 jours de prison et à une amende de 7 000 TL. Les procès de 119 journalistes se poursuivent.
Dans son rapport, DFG rend par ailleurs hommage au journaliste ukrainien Yevhenii Sakun tué dans un bombardement à Kiev le 1er mars: « Quelle qu’en soit la raison, nous n’acceptons pas les attaques contre les journalistes. Nous commémorons le journaliste Yevhenii Sakun avec respect. »