La mère de Çiçek Kobanê appelle les organisations des droits humains à agir pour sa fille

Le procès de Çiçek Kobanê, membre des YPJ enlevée par les djihadistes et remise à la Turquie en octobre dernier, reprendra mardi à Urfa. Sa mère lance un appel aux organisations de défense des droits humains pour la soutenir.

La prochaine audience du procès contre Çiçek Kobanê, combattante des Unités de Protection des Femmes (YPJ) kidnappée par des mercenaires djihadistes pro-turcs en octobre 2019, aura lieu le 28 juillet à Urfa, en Turquie. Sa mère appelle les organisations des droits humains à défendre la jeune femme.

Çiçek Kobane a été blessée le 21 octobre 2019 dans le village Mişrefa, près de Aïn Issa, et faite prisonnière par la milice djihadiste Ahrar al-Sham qui a participé, au sein de “Armée nationale syrienne” (ANS, formation mise en place par la Turquie), à l’opération d’invasion lancée par l’armée turque au nord de la Syrie, le 9 octobre 2019. Des photos et des vidéos où l’on voit la jeune femme blessée encerclée de mercenaires djihadistes menaçants et jubilants, avaient alors été diffusées sur les réseaux sociaux.

Çiçek Kobanê est actuellement détenue dans la prison de haute sécurité d’Urfa. Ayant subi une opération au niveau de la jambe, elle est incapable de se lever seule. Son procès a commencé début juin. Les chefs d’accusation retenus à son encontre sont les suivants : « atteinte à l’unité et l’intégrité de l’État », « appartenance à une organisation terroriste armée » et « tentative de meurtre préméditée ».

La campagne « Women Defend Rojava » s’est entretenue avec la mère de Çiçek Kobanê, dans le nord de la Syrie. La famille a vécu en Turquie pendant sept ans. En mars, le père et les deux frères de Çiçek Kobanê ont été expulsés par les autorités turques, après quoi toute la famille est retournée au Rojava.

Que pouvez-vous nous dire sur la situation actuelle de votre fille ? Comment s’est-elle retrouvée dans une prison turque ?

Quand elle a disparu, nous n’avons pas eu de nouvelles d’elle pendant 4 jours ; nous craignions qu’elle n’ait été tuée. Au bout de quatre jours, mon mari a reçu sur son téléphone une vidéo montrant son enlèvement. Nous avons immédiatement informé toutes les personnes que nous connaissions au Rojava et nous avons commencé à la rechercher.

À l’époque, nous vivions en Turquie ; nous avons réussi à trouver un avocat kurde et nous nous sommes rendus dans un établissement gouvernemental avec sa photo. Nous avions peur d’être arrêtés nous aussi, mais nous voulions savoir où elle se trouvait et savoir si elle était en vie.

Après quelques jours à l’hôpital et une autre semaine à la prison d’Urfa, Çiçek a été emmenée à la prison de Hilwan sans aucun soin médical et toujours avec du métal dans la jambe.

Quel est son état de sa santé ? Avez-vous la possibilité de communiquer avec elle ?

« Sa jambe est dans un très mauvais état. Elle ne peut pas marcher correctement. Elle est très inquiète pour sa santé. Malgré nos demandes répétées, elle n’a pas reçu de soins au niveau de la jambe. Elle n’est pas autonome, ce qui l’affecte psychologiquement. La plus grande priorité est de soigner sa jambe.

Alors que de nombreux prisonniers ont été libérés pendant la période de la pandémie, elle a été maintenue en détention, tout comme les autres prisonniers politiques, et cela malgré sa blessure. Toutes les visites ont été suspendues et aucune précaution n’a été prise contre le virus, pas même les contrôles médicaux.

Combien de fois avez-vous pu voir Çiçek ? Comment votre famille a-t-elle été traitée ?

Nous pouvions lui rendre visite une fois par mois et lui parler au téléphone une fois par semaine pendant 10 minutes. Nous avons vécu avec la pression constante de la police turque qui venait à notre domicile tous les mois. Nous avons été menacés et humiliés. Mon mari et mes deux fils ont été arrêtés et torturés. Ils ont même cassé les doigts de mon mari.

Notre avocat a également été arrêté et menacé. En raison de ces pressions et menaces constantes, nous avons décidé, il y a trois mois, de quitter la Turquie et de venir au Rojava, dans notre ville d’origine. Nous n’avons pas revu notre fille depuis.

Voulez-vous adresser un message à l’opinion publique internationale ?

Les organisations de défense des droits humains ne doivent pas rester silencieuses, car la Turquie viole le droit international. Cicek n’a pas été arrêtée en Turquie. Elle a été blessée et enlevée dans son pays. Elle a été kidnappée sous les yeux du monde entier par des mercenaires djihadistes et remise à la Turquie. Il est donc évident que la Turquie coopère avec les groupes djihadistes et les soutient.

Le procès de notre fille a été fixé au 28 juillet 2020. Nous voulons alerter les organisations des droits humains de sa situation, nous leur demandons d’intervenir pour qu’elle revienne dans sa famille.

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