La justice néerlandaise a ordonné l’arrestation et l’extradition du journaliste kurde Serdar Karakoç vers l’Allemagne, où il est accusé de liens présumés avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).
Lors d’une audience tenue aujourd’hui à Amsterdam, le tribunal a rejeté les objections soulevées par les avocats de Karakoç et a validé la demande d’extradition émise par l’Allemagne. Le journaliste de 64 ans, qui avait été arrêté à son domicile aux Pays-Bas le 23 mai à la demande des autorités allemandes, avait été provisoirement libéré sous caution le 14 juin, mais il restait sous surveillance stricte. Son passeport avait été confisqué, il ne pouvait pas quitter le pays, et il était tenu de se présenter à la police chaque semaine.
Serdar Karakoç est poursuivi en Allemagne en vertu de l’article 129b du code pénal allemand, une législation qui permet de poursuivre des individus pour leur implication dans des organisations criminelles ou terroristes étrangères. Cette loi a été souvent critiquée pour sa portée extraterritoriale, notamment lorsqu’elle est appliquée contre des militants kurdes.
Un Journaliste Persécuté
Serdar Karakoç, Kurde alévi originaire de Dersim se trouvant dans la région de Tunceli en Turquie, a commencé sa carrière de journaliste dans les années 1980, en s’associant à la presse kurde. Dans les années 1990, il dirigeait le bureau d’Izmir du journal Özgür Gündem, qui a été plus tard interdit par les autorités turques. Après l’attentat à la bombe contre les bureaux de Özgür Ülke à Istanbul en 1994, une attaque orchestrée par l’État turc sous le gouvernement de Tansu Çiller, Karakoç a échappé de justesse à la mort.
Face à la persécution croissante en Turquie, Karakoç a quitté son pays en 2001 pour s’installer aux Pays-Bas, où il a obtenu le statut de réfugié. Depuis lors, il a poursuivi son travail journalistique et son engagement pour les droits des Kurdes depuis son exil.
Réactions et Implications
L’extradition imminente de Serdar Karakoç a suscité des inquiétudes parmi les défenseurs des droits humains et la communauté kurde en Europe. Beaucoup voient cette décision comme un exemple des pressions politiques exercées par la Turquie sur les gouvernements européens pour cibler les illes militants kurdes.
Les implications de cette décision vont au-delà du cas individuel de Karakoç et soulèvent des questions sur l’utilisation des lois anti-terroristes contre les journalistes et les militants politiques.