Un hommage a été rendu à l’écrivain et journaliste kurde Musa Anter (Apê Musa) à Diyarbakir, dans la rue où il a été assassiné le 20 septembre 1992 par les escadrons de la mort du JITEM.
La commémoration organisée par l’Association des journalistes Dicle Fırat (DFG) et la Plate-forme des femmes journalistes de Mésopotamie (MKGP) s’est déroulée en présence du fils de Musa Anter, Dicle Anter, et des députés Ceylan Akça et Mehmet Kamaç du Parti de la gauche verte (YSP). Parmi les participants se trouvaient également des représentants du Parti des régions démocratiques (DBP) et de plusieurs organisations de la société civile, dont l’Association des Droits de l’Homme de Turquie (IHD). Plusieurs personnes ont pris la parole pour rendre hommage à l’écrivain, journaliste et poète kurde assassiné à Diyarbakir il y a 31 ans par les escadrons de la mort du JITEM, une unité paramilitaire de la gendarmerie turque responsable du meurtre de milliers d’opposants kurdes dans les années 90.
« Apê Musa [oncle Musa] a mené un grand combat pour la plume. Nous continuerons à tenir sa plume et à protéger son héritage en toutes circonstances », a déclaré Roza Metîna, porte-parole du MKGP. Rappelant que les auteurs du meurtre de Musa Anter n’avaient jamais été inquiétés, l’écrivaine kurde a fustigé la politique d’impunité du régime turc.
« Repose en paix papa, car tes petits généraux portent aujourd’hui ton stylo. »
Le journaliste Hüseyin Aykol du quotidien Yeni Yasam a lu un texte écrit à l’adresse de l’intellectuel kurde exécuté: « Cher Apê Musa, depuis le jour où tu as été assassiné, nous avons créé des journaux et des chaînes de télévision. Ceux qui t’ont assassiné pensaient que nous allions abandonner. Mais nous avons continué à porter ton drapeau. Nous avons recherché l’information vraie, nous avons travaillé pour une solution pacifique au problème kurde. Nos amis ont été poursuivis. Plus de 30 d’entre eux ont été arrêtés l’année dernière. Mais ils poursuivent leur travail à l’intérieur comme à l’extérieur. Sois en certain, nous tenons la promesse que nous t’avons faite, nous portons encore plus haut le drapeau que tu nous a transmis. Nous sommes là, nous continuons, nous continuerons. »
Dicle Anter, le fils de Musa Anter, a rappelé la volonté de son père : « Mon père a laissé un testament. Il faisait le voeu que la jeunesse kurde lui permette de reposer en paix dans sa tombe. Le stylo d’Apê Mûsa a été brisé, mais ses petits généraux l’ont réparé. Repose en paix papa, car tes petits généraux portent aujourd’hui ton stylo. »
Mehmet Kamaç, député YSP de Diyarbakir a rendu hommage à son tour à « l’oncle des Kurdes »: « En massacrant Apê Musa, ils pensaient pouvoir mettre fin au journalisme kurde. Apê Musa est l’oncle du peuple kurde. Il est le nom de la résistance. Il a été assassiné ici il y a 31 ans, puis à nouveau l’année dernière par la justice qui a garanti l’impunité à ses meurtriers. Nous n’oublierons jamais Apê Musa. Musa Anter est une étoile qui illumine notre lutte. Son chemin est le chemin de la résistance.
Après les prises de parole, les participants ont marché dans la rue où Anter a été exécuté, aux cris de « La presse libre ne peut être réduite au silence » et « Les martyrs sont immortels ».
[…] Musa Anter, appelé affectueusement « Apê Musa » (Oncle Musa) par les Kurdes, était un écrivain kurde de premier plan qui publiait également dans le quotidien Özgür Gündem et l’hebdomadaire Yeni Ülke. Il a été abattu à Diyarbakır le 20 septembre 1992. […]