En réponse aux menaces du président turc Erdogan de « nettoyer » le camp de réfugiés de Makhmour au Sud-Kurdistan, le Congrès national du Kurdistan a déclaré qu’une attaque contre le camp constituerait une violation grave du droit international.
S’exprimant sur la chaîne de télévision publique turque TRT le 1er juin, le président turc Recep Tayyip Erdogan a menacé le Sud-Kurdistan (nord de l’Irak) de nouvelles attaques, disant que la Turquie allait « nettoyer » le camp de réfugiés de Makhmour situé à 180 km au sud de la frontière Turque, un camp reconnu par le Haut-Commissariat aux Réfugiés des Nations Unies (HCR).
Le Congrès national du Kurdistan (KNK) a réagi à ces menaces en déclarant qu’ « une telle attaque constituerait une grave violation du droit international et un crime contre une population de réfugiés extrêmement vulnérable ».
Fondé en 1998, le camp de Makhmour abrite principalement des réfugiés originaires du Nord-Kurdistan (Turquie). Sa population s’élève aujourd’hui à plus de 13 000 personnes, dont de nombreux enfants nés apatrides. Parmi les résidents du camp, nombreux sont ceux qui ont été contraints de fuir leurs foyers au début des années 90, alors que l’État turc menait une campagne de répression sanglante contre le peuple kurde, voulant éradiquer sa culture, son identité et jusqu’à son existence. Dans le cadre de cette campagne de nettoyage ethnique, l’armée turque a détruit des milliers de villages et déplacé des millions de personnes.
« En août 2014, a déclaré le KNK, alors que l’organisation terroriste dite État islamique (EI) envahissait de grandes parties de l’Irak et de la Syrie, elle a pris pour cible le camp de réfugiés de Makhmour, l’envahissant et l’occupant, avant d’en être expulsée quelques jours plus tard. Par la suite, les forces turques ont attaqué le camp à de nombreuses reprises. Une frappe aérienne de l’armée turque a tué quatre civils le 13 décembre 2018 et une autre, au drone, a causé la mort de trois jeunes femmes le 14 avril 2020. Les avions de guerre et les drones turcs survolent souvent le camp, terrorisant les réfugiés et les laissant dans l’appréhension de la prochaine attaque. Parallèlement aux agressions turques, le camp est soumis à un embargo strict des autorités locales depuis près de deux ans, ce qui limite le flux de fournitures dans le camp et empêche les déplacements hors du camp, même quand il s’agit d’urgences médicales. »
Et d’ajouter : « Nous sommes profondément préoccupés par les menaces d’Erdogan contre le camp de réfugiés de Makhmour et demandons aux Nations unies et au HCR de rappeler à Erdogan les obligations de la Turquie en vertu des traités internationaux et des normes internationales sur les droits humains, ainsi que le caractère inacceptable des menaces en cours contre les réfugiés de Makhmour et les conséquences de toute nouvelle agression militaire contre le camp. Nous demandons également aux Nations Unies de condamner les violations continues de la souveraineté irakienne par Erdogan ainsi que les menaces et les attaques contre les civils à Makhmour et ailleurs dans le pays, et de travailler avec le gouvernement irakien et les autorités locales pour mettre fin à l’embargo sur le camp de réfugiés de Makhmour, permettre à l’aide d’atteindre le camp et garantir la sécurité des résidents du camp. »
Pour finir, le KNK a appelé « les Nations unies, en particulier le HCR, à prendre d’urgence les mesures nécessaires pour protéger les civils dans le camp de réfugiés de Makhmour et à mettre fin aux agressions turques. »
[…] Le Congrès nationale du Kurdistan (KNK) avait publié vendredi une déclaration appelant le HCR à protéger les réfugiés du camp de Makhmour. […]