Eren Keskin : « L'isolement d’Ocalan affecte toute la société »
Eren Keskin, militante des droits humains.

Après une courte levée, la Turquie a rétabli, il y a plus de quatre mois, l’isolement total imposé depuis 2015 au leader kurde Abdullah Ocalan sur l’île-prison d’Imrali. Dans une interview accordée à l’agence de presse kurde Firat News (ANF), l’avocate Eren Keskin dénonce un régime d’isolement qui « affecte toute la société ».

La dernière visite au fondateur du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK), détenu depuis plus de 20 ans sur l’île-prison d’Imrali, remonte au 12 août dernier, date à laquelle il a rencontré son frère. Quant à ses avocats, il les a vus le 7 août pour la dernière fois. Depuis, toutes les demandes de visite des avocats et de la famille ont été systématiquement rejetées par les autorités turques. 

Invitée à une réunion de la Plateforme des Femmes kurdes, à Diyarbakir, Eren Keskin, militante chevronnée des droits humains, s’est entretenue avec ANF sur les conditions de détention à Imrali. Celle qui est aujourd’hui Coprésidente de l’Association des Droits de l’Homme de Turquie (IHD) faisait partie du groupe d’avocats engagés dans la défense du leader kurde, après son enlèvement au Kenya par les services secrets turcs (MIT) en 1999. Selon elle, depuis le premier jour de son emprisonnement sur l’île d’Imrali, M. Ocalan est soumis à un régime de détention contraire, tant au droit pénal turc qu’aux conventions internationales. Estimant que l’isolement a été appliqué dès le début sous différentes formes, Mme Keskin a souligné que le régime de détention mis en œuvre à Imrali n’existait dans aucune autre prison de Turquie. 

L’isolement est une forme de torture

Précisant que l’isolement était une forme de torture, Eren keskin a dit ceci : « En tant que défenseurs des droits humains, nous sommes contre toutes les formes de torture. Dans le cas d’Abdullah Ocalan, l’isolement ne touche pas une seule personne. Ocalan est une figure de proue, son isolement affecte toute la société. Au cours de la soi-disant phase des pourparlers de paix, l’État a eu recours à d’autres méthodes. Le droit des personnes détenues de recevoir la visite des membres de leur famille ainsi que de leurs avocats est inscrit dans la loi. Mais la loi ne s’applique pas à Imrali. Ocalan est de fait un otage politique. En tant que défenseurs des droits humains, nous ne pouvons pas accepter cela. L’IHD a demandé à maintes reprises la fin de l’isolement à Imrali. Nous avons également demandé à rencontrer Ocalan. Mais, jusqu’à présent, aucune de nos demandes n’a été accueillie favorablement. »

Les sanctions disciplinaires fournissent un cadre formel à l’isolement

Pointant du doigt les sanctions disciplinaires qui « fournissent un cadre formel à l’isolement » de M. Ocalan et de ses trois codétenus, Eren Keskin a déclaré qu’il s’agissait de mesures purement arbitraires visant uniquement à empêcher les visites des familles et des avocats. 

La guerre à l’origine de la crise économique

Déplorant « ces pratiques qui, incontestablement, ne produisent aucun résultat », l’avocate a poursuivi ainsi : 

« La guerre est la cause de la crise économique en Turquie. Malheureusement, notre classe ouvrière n’en est pas consciente. Si un million de personnes descendaient dans la rue et criaient qu’elles refusent la guerre et le vol de leur pain, nous obtiendrions la paix.

Le problème kurde ne peut pas être résolu par la politique de la violence. La preuve en est que pendant la courte période du processus de paix entre le gouvernement et Ocalan, il y a eu beaucoup

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