Emine Senyasar, femme kurde en quête de justice, est poursuivie en justice pour "insulte" au président turc Recep Tayyip Erdoğan
Emine Senyasar devant le ministère turc de la justice à Ankara

Emine Senyasar, une femme kurde qui réclame depuis des années la justice pour son mari et ses enfants assassinés, est poursuivie en justice pour « insulte » au président turc Recep Tayyip Erdoğan.

Emine Şenyaşar, femme kurde en quête de justice depuis des années pour ses deux fils et son mari assassinés, est poursuivie pour avoir « insulté » le président turc Recep Tayyip Erdoğan. Le chef de l’État turc s’estime insulté par les propos de la femme concernant le fonctionnement du système judiciaire turc. La chambre pénale du tribunal régional d’Urfa (Riha) vient de se saisir du dossier. Le procès devrait commencer le 31 octobre.

L’accusation d’insulte au président pèse lourd en Turquie. L’article 299 du code pénal prévoit des peines de prison allant jusqu’à quatre ans. Emine Şenyaşar risque non seulement d’être condamnée à une peine d’emprisonnement, mais aussi d’être privée de ses droits civiques.

Emine Şenyaşar est la veuve de Hacı Esvet Şenyaşar et la mère de Celal et Adil. Les trois hommes ont été brutalement assassinés en 2018 par des gardes du corps et des proches d’Ibrahim Halil Yıldız, alors candidat de l’AKP aux élections législatives dans la province d’Urfa. Le drame s’est produit à Suruç, en marge de la campagne électorale, quelques jours avant les élections de juin 2018. 

Malgré le combat quotidien mené par la septuagénaire pour obtenir justice, les auteurs de ces crimes n’ont jamais été inquiétés. Depuis 846 jours, Mme Şenyaşar manifeste devant le palais de justice d’Urfa pour exiger que les coupables soient punis.

Ce n’est pas la première accusation portée contre Emine Şenyaşar. Au total, 31 enquêtes ont été ouvertes contre la femme kurde depuis le début de sa veille pour la justice en mars 2021. Au moins trois d’entre elles ont donné lieu à des amendes. Malgré la répression et les gardes à vue, elle n’a pas renoncé à son combat pour la justice. Mardi, Şenyaşar a critiqué les nouvelles accusations: « Erdoğan devrait défendre mes enfants assassinés au lieu de se ranger du côté des tueurs et de me poursuivre en justice. »

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